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L’autre facette du Venezuela

L’autre facette du Venezuela

Ah le Venezuela quelle découverte, un pays aux milles facettes, des gens formidables, une nature débordante, un potentiel touristique énorme, mais aussi et malheureusement une société en berne, des gens qui souffrent, et une insécurité qui enfle de jour en jour.
Quand on me parlait de sécurité, je pensais au vol à la tire, à main armée, au gars qui vous arrache votre chaine en or en passant à toute vitesse, aux gangs, au mafieux, etc. pourtant et malgré que cette liste n’est pas juste de l’imagination, ce n’est pas eux qui sont les plus terribles, en tous cas pour les touristes, non, les pires ce sont …les policiers (et militaires)
100% des histoires de vol -ou d’extorsion- qui m’ont été racontées (et vécues) par les touristes croisés dans ce pays ont pour coupables ces gens qui sont sensés représenter la loi.
J’avais rencontré un français dès mon passage de frontière, il était seul à la table d’un restaurant, le regard dans le vague. J’étais super curieux sur les expériences d’autrui, alors me pose à côté et discute quelques minutes :
– « C’est salauds de policiers ! Caches bien ton argent l’ami, ils cherchent les dollars, c’est tout ce qu’ils veulent »
– « Comment ça, les policiers ? C’est la police qui te vole ? »
– « Et comment ! La pire espèce. Moi il m’ont enfermé 4h dans leur fourgonnette »
– « Quoi ?! »
– « Je venais d’arriver à l’aéroport, je trainais dans le hall avec ma valise, deux policiers sont venus vers moi pour, soit disant, faire un contrôle de routine »
– « Mais… Tu avais déjà passé l’immigration ? »
– « Oui ! J’étais sur le point de sortir »
– « Et ? »
– « Après avoir vérifié mon passeport, ils me demandent de payer 200$ »
– « Comme ça ? »
– « Oui, 200$ pour avoir eu la joie de les croiser »
– « Qu’est-ce que tu leur a dit ? »
– « Qu’il n’en était pas question ! Je ne paierais rien du tout ! Alors ils m’ont embarqué, et enfermé à l’arrière de leur fourgonnette en me précisant qu’ils allaient m’amener au poste »
– « Alors tu as payé »
– « Pas de suite, mais il m’ont laissé poireauter des heures ! J’en pouvais plus, au bout de 4h j’ai cédé… »
– « Ça arrive souvent des trucs comme ça ? »
– « Tout le temps ! Ils te fouillent, et te dépouillent. Un conseil, caches bien ton argent »
Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Le pire c’est que ces histoires sont récurrentes, toujours le même scénario, contrôle de police, ou de militaire, recherche de monnaie étrangère (officiellement interdite) confiscation immédiate des billets verts. Parfois ils ne font pas dans la dentelle, genre une fois que vous avez étalé toutes vos affaires, ils sortent leur arme à feu, vous pointent avec, et vous signal gentiment qu’ils vont garder le tout, vous pouvez disposer.
Dans mon sac j’ai un compartiment pour l’ordinateur, c’est un espace qui ne sert qu’à ça, j’y ai découpé une fente dans la doublure intérieur, une sorte de poche dans la poche, mais totalement invisible, c’est dans cette doublure que j’ai glissé mes dollars …et heureusement !
Dans le bus de nuit qui m’amena à Ciudad Bolivar, les contrôles étaient légions, il y a eu plusieurs arrêts pour vérification de documents, les postes militaires se suivaient, ça n’en finissait plus.
Sur un contrôle de faciès, je dois descendre du bus, oui juste moi, et il doit être 3h du matin. La tête dans le cul, j’avance dans le noir, des lampes torche me brulent les yeux. On me demande ce que je fais hors du bus :
– « Ben votre collègue m’a demandé de sortir »
– « Reste là ! »
Super, encore une bonne coordination. Je montre mon passeport, mais cela ne suffit pas, il appelle son collège, font des signes de la main, commencent à hurler, un brouhaha total. Ne pas oublier que la moyennent d’âge est de 19 ans, et surtout qu’ils sont tous armés, quelle merde… Après quelques explications complètement incompréhensibles je retrouve, avec grande joie, mon siège.
Une heure plus tard nouveau contrôle, tout le monde doit descendre, putain mais ça ne va jamais finir !
Ils nous demandent de prendre nos sacs, ils vont nous fouiller un à un. On nous fait rentrer dans une salle lugubre, et un à un nous vidons nos sacs sur la table, ça va plutôt vite. Malgré ma somnolence je peux bien voir que certains passager glissent un « petit billet » au policier pour ne pas être embêté. Voilà mon tour qui arrive, je suis le seul étranger (hors brésiliens) en voyant mon passeport, ils me mettent de côté. Tout le monde est maintenant retourné dans le bus, il n’y a plus que moi, et trois policiers dans 3m carré.
– « Tu as des dollars américains ? »
– « Non »
– « Des Euros ? »
– « Non »
– « Pas d’argent ?! »
– « Si, de la monnaie locale, ici »
– « Ok, mais de la monnaie étrangère ? »
– « Non »
Le ton monte, ils me demandent de me déshabiller, mon sac est complètement disséqué, je suis en caleçon.
– « Le caleçon aussi »
– « WTF ?! »
– « Maintenant ! »
Je m’exécute… À poil dans un poste de police au Venezuela, ça n’était pas prévu au le planning, ni dans aucun des mes pires cauchemars. Il vérifient l’élastique de mon caleçon, centimètre par centimètre. On peut voir qu’ils sont déçus, très déçu, et dire que des centaines de dollars trônent devant leurs tronches, mais trop bien cachés pour les trouver, je jubile.
Ils me rendent mes vêtements, et sans me regarder me pointent le chemin de retour au bus.
À part du temps de sommeil (…et un peu de dignité) je n’ai rien perdu, pas un centime de dérobé, pourtant mon désir de visiter le pays a prit un coup. Quand vous allez dans un pays « dangereux » comme le Honduras par exemple, c’est difficile d’être à l’aise, il faut toujours faire attention, la nuit on reste à l’hôtel, les petites rues désertes sont à proscrire, et puis il y a la fuite, ou la confrontation (rare), mais quand ce sont des représentants de la loi, que faire ? Qu’est-ce que je peux faire devant un policier, armé, qui me demande de vider mon sac ? Ou devant un militaire qui m’ordonne de lui donner mes dollars ? La réponse est simple : Rien.
Et j’avoue que cette frustration m’a pesé, tellement que j’ai abandonné l’idée d’en découvrir d’avantage. On sait que le voyage routard est toujours risqué, mais là c’était plus comme voyager avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. C’est triste, mais il fallait trancher.

Déjà trouver de la nourriture était un parcours du combattant, qui plus est en tant que végétalien. De grands supermarchés …vides, un rayon de patates, et un rayon de savons :
– « Euh, vous ne vendez que ça ? »
– « Non, ça dépend de la semaine »
– « Comment ça ? »
– « Ben les livraisons se font rares, alors on a ce qu’on a en attendant la prochaine »
– « Donc autre chose que des patates ? »
– « Oui, ça peut être du sucre, de la farine, ça dépend »
Un jour j’étais tombé sur un supermarché avec une file d’attente de 300m, mais que se passait-il ? En fait, le magasin avait reçu un stock de cookies, c’était tellement rare, que les gens patientaient des heures pour les obtenir. Des pénuries de toutes sortes, mais pas à la station d’essence, ah non ! Là un prix à faire pâlir de jalousie n’importe quel saoudien, moins de 1 centime le litre (en 2015) oui, vous lisez bien, un plein pour 50cts, alors qu’une bouteille d’eau est à 80cts, c’est du n’importe quoi. Bien sûr que de l’essence à bas prix est positif pour le peuple, mais la c’est quasi gratuit ! Pourquoi ne pas mettre une petite taxe, genre le faire passer à 5cts le litre, et avec améliorer la condition de vie des vénézuéliens, en particuliers sur la nourriture, bien plus essentiel que l’essence.

Ce peuple mérite bien mieux, des gens qui gardent le sourire malgré la misère, une générosité inébranlable (le nombre de maisons/appartements qui offrent du Couchsurfing à Caracas doit être un des plus large au monde !)
Je me rappelle de ce petit bonhomme de 5 ou 6 ans qui demandait à sa mère « c’était quoi être riche ? » :
– « C’est quand tu as beaucoup de choses »
– « Nous on est riche ? »
– « Ah non, nous ne sommes pas du tout riche, plutôt le contraire »
– « Mais… La semaine dernière tu as acheter un gros sac de sucre ! »
– « Oui, pour une fois qu’ils en avaient j’ai fait des provision, mais ce n’est pas pour cela que nous sommes riches »
– « Tu m’as dit que c’était avoir beaucoup de chose… »
– « C’est vrai… »
– « Alors… On peut dire que nous sommes riches de sucre ?! »
– « Oui mon amour, on peut dire ça »
Et il est repartit jouer avec son petit camion de fortune avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Parfois des « manifestants » passaient dans les rues de la capitale, en silence, ils défilaient avec des panneaux suspendus autour de leurs coups, un m’avait beaucoup marqué, je ne me rappelle plus exactement des nombres mais c’était à peu près ça : « Mon salaire 30$/mois, un pot de Nutella 25$ »
Ils s’étaient fait dégager à coup bombes lacrymogène, alors qu’aucune violence n’avait été produite, c’est comme ça ici, une démocratie cubaine en quelque sorte.

Quand j’ai quitté le pays, il a fallut prendre un taxi-partagé pour retourner à Boa Vista (Brésil), nous étions 4, les 3 autres ? Trois jeunes vénézuéliens :
– « Qu’est-ce que vous allez faire au Brésil ? »
– « Travailler »
– « Ah, vous avez un job »
– « Non, on va chercher, et faire un peu de black »
– « Ah ouais, ce n’est pas trop difficile sans visa ? »
– « Si, mais toujours plus facile que chez nous »
– « Comment vous allez faire ? »
– « On a un contact, il peut peut-être nous faire travailler dans la restauration »
– « Et où allez-vous dormir ? »
– « En tente »
– « En tente ? En ville ? »
– « Oui, à côté d’une décharge, apparemment c’est possible »
– « Mais vous n’avez pas de diplômes ? »
– « Si, on en a tous, lui est architecte, lui avocat et moi ingénieur »
– « Ah ouais… C’est vraiment dur chez vous hein ? »
– « Oui, les diplômes ne servent à rien, cela ne marche pas comme ça, ils prennent le cousin, l’oncle, le frère, même sans diplôme et zéro compétence, la seule chose qui marche : Le piston »

Bref un triste dénouement pour ce peuple, et rien ne va vers le positif, aujourd’hui (Aout 2017) le pays est en passe de tomber dans la dictature, c’est tellement frustrant l’impuissance.
Je laisse mes trois compères derrière moi, on a échangé nos adresses e-mail, au cas où j’entends parler d’un job…

5 réflexions sur « L’autre facette du Venezuela »

  1. Bien triste.Merci encore de nous faire rêver😎😎😎J’ai suivi tes conseils au Sri Lanka et super voyage.Bonne route. Eric de Bruxelles

  2. Sérieux à ce point là ? Je pensais pas que niveau nourriture c’est aussi galère… ils ont intérêt à être bons les cookies pour faire la queue de 300 m !!!

    Sinon je suis fan des émoticones :p :D haha

  3. ouais ..effectivement…ca ne mene pas loin cette histoire….c’ est bien dommaga car on dirait que ce pays a beaucoup a offrir…peut etre faut il esperer qu’un jour la situation changera urtout pour ses habitants,

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