Amritsar et la machine à chapatis
Nous sommes de nouveau à Mumbai, et à nouveau pour une seule nuit. Il nous est difficile de nous réhabituer au bruit, après dix jours de silence, mais comment faire ?
La ville est devenue une vraie fournaise, les habitants sont tous très impatients de voir recevoir une grâce du ciel, mais rien. Alors qu’ à seulement 80km, la mousson avait commencé son travail, nous avions deux ou trois heures de pluie quotidienne à Igatpuri, ici rien, pas une goute. Cette nuit en rentrant à l’hôtel, le patron me demande de « prier » pour que la pluie arrive enfin, il était désespéré… Le lendemain son vœu fût exhaussé (pas grâce à moi…), il pleut à torrent, et nous avions un train à prendre ! Même si la gare est -seulement- à 6 ou 800m, la distance paraît énorme car les rues débordent littéralement. Pendant un premier temps j’ai de l’eau jusqu’aux genoux, puis très vite cela arrive aux cuisses, imaginez Hihi avec son petit mètre 52… Les pauvres vendeurs de chai nagent après leurs casseroles, qui flottent et prennent le large aussi vite qu’un voilier à pleine vitesse. L’eau est sale -bien sûr- on doit slalomer entre les ordures, éviter de se faire emporter par le courant, tenir nos parapluies, et en même temps trimballer nos sac sur le dos, mais on ne sait pas sur quoi on marche, le trottoir ? La route ? Un trou… Nous arrivons enfin à la gare, tout est inondé, même les rails sont sous l’eau. Et c’est précisément à ce moment là, presque à la seconde près, que la pluie se décide à stopper…
Hihi est trempée jusqu’au nombril, elle pense déjà à tout les microbes et bactéries qui ont dû envahir son pantalon, impossible de faire 30h de voyage comme ça, un changement de pantalon s’impose. De toute façon nous sommes dans le train maintenant, et c’est tout ce qui compte. On apprendra par la suite, que Mumbai fût inondée pendant plusieurs semaines, cela paraît incroyable pour une si grande ville, qui abrite certainement les plus grandes stars du pays, mais non, il en est de même chaque année, chaque mousson la ville a les pieds dans l’eau, une sorte de coutume à l’indienne…
Le train est remplit à ras bord, comme d’habitude me direz-vous, oui sauf que cette fois-ci les passagers portent tous (en tout cas les hommes) un turban autour de la tête. Ce qui est tout à fait normal puisque notre destination est Amritsar, lieu culte de la religion sikh. « Le sikhisme est une religion moniste fondée dans le nord de l’Inde au xve siècle par le gurû Nanak » Wikipédia. Les sikhs sont en général bien éduqués, moins « arnaqueurs » -à chaque fois que je suis perdu, ou que je ne connais pas le prix de quelque chose c’est à un sikh que je demande- et moins pauvre -en six mois de voyage en Inde je n’ai jamais vu un sikh mendier- et ils sont reconnaissables, pour la plupart, car ils portent se fameux turban, pour cacher leurs cheveux qui ne coupent pas, même leur barbes et moustaches n’ont jamais vu l’ombre d’un rasoir.
Nous arrivons de nuit, c’est peut-être un détail, mais ici c’est important car plus on arrive tard, moins il y a de chance d’avoir un lit. Le Harmandir Sahib, plus connu sous le nom de «Temple d’or» offre à ses visiteurs et pèlerins le couchage, et les repas, gratuitement. Et quelque soit votre religion, vous pouvez donc y passez quelque nuits (les donations sont acceptées), à condition qu’il reste de la place.
Il y a des files d’attente à tout les guichets, et on ne sait même pas si on est dans la bonne file. Très vite des indiens nous montrent une autre entrée : «Les étrangers c’est là-bas !» ok, où là-bas ? Il n’y a rien, pas de guichet, pas de signalisation, rien qui… ah si, une porte. Je l’ouvre, un type me sourit :
– «Entre, entre !»
– «Ok…»
– «Vous voulez dormir ici ?»
– «Oui, s’il vous plaît»
– «Pas besoin de s’il vous plaît, trouvez vous un lit là dedans»
J’ouvre une deuxième porte, qui enferme une sorte de longue pièce envahie de lits et de sacs à dos.
– «Je crois que tout est prit…»
– «Non, non, mettez vous là, au fond»
Il enlève un tas de cousins et couvertures amassés dans un coin de la pièce, et miracle ! Un lit apparaît. Il est petit, mais Hihi aussi, alors en se serrant, ça ira.
En fait nous sommes chanceux d’être étrangers, car ils ont séparé un dortoir juste pour nous, dehors les (nombreux) retardataires étendent leurs saris sur le sol, pour y passer la nuit.
Une nuit qui a été courte, mais le spectacle en vaut la chandelle, le Golden temple brille de mille feux, au milieu d’un lac artificiel, lui même entouré d’une sorte de forteresse blanc immaculé, et de magnifiques sols de marbre qui donnent un effet presque irréel. Les pèlerins y viennent par milliers, pas de saison, c’est toute l’année comme ça. Ils prennent un bain au milieu des poissons rouges, une sorte de bénédiction.
Y prendre un repas est assez folklorique, après avoir prit plateau et bols de métal, nous sommes tous entassés dans une pièce pour attendre le prochain service (en fait on attend juste que ceux qui sont à intérieur finissent de manger…) dès que le signal est donné, nous sommes entrainés à l’intérieur par une masse humaine, on nous demande de nous assoir par terre tous en ligne, et de poser notre plateau devant. Des volontaires passent nous servir de l’eau, du dal, des chapatis, etc.
Ils arrivent à servir jusqu’à 50000 repas par jour ! À la fin du repas, qui doit se faire rapidement (il y en a d’autres qui attendent !), on ramène nos plateaux à l’équipe vaisselle,
et on peut même se joindre à eux, histoire d’aider un peu, croyez moi c’est une sacré expérience, je n’ai jamais prit autant de plaisir à faire la vaisselle.
En général on vient à Amritsar pour deux choses :
-Le temple d’or
-La cérémonie de la frontière avec le Pakistan
Alors nous voilà partis pour la fameuse cérémonie, à Attari exactement, la ville frontière.
Si le côté Pakistan est presque vide, les tribunes indiennes sont pleines à craquer,
tout le monde chante, il y a des sortes de jeux avec le drapeau indien (j’imagine la même chose de l’autre côté), puis l’armée fait sa parade, chacun supporte son équipe, par des cries d’encouragement avec d’un côté des :
– «PAKISTAN ! PAKISTAN !»
Et de l’autre
– «INDIA ! INDIA !»
Il y a aussi des hués envers l’équipe adverse, tout ça est très bon enfant, mais je trouve ça d’un ennui à mourir ! On se croirait à des jeux intervilles bas de gamme, je ne comprend pas vraiment cet engouement, il faut surement être indien pour comprendre. Et tout ça pour un baisser de drapeau…
En fait ce que j’ai préféré à Amritsar, c’est la cuisine ! Toujours en effervescence, des montagnes de légumes qui attendent d’être pelés, et surtout : Une machine à chapatis.
Et pas une petite machine de rien du tout, non, non ! Un truc monstrueux, qui s’étale sur toute une pièce. Et tout le monde peut mettre la main à la pâte,
pour préparer la pâte justement, et nourrir ce monstre d’acier qui crache plusieurs dizaines de milliers de chapatis par jour.
Si vous vous avez deux minutes, voici une petite vidéo de la bête :
13 réflexions sur « Amritsar et la machine à chapatis »
Sympa ton article qui comme toujours, permet à l’esprit de s’évader un peu 🙂
Sinon, à lire le blog de hihi, ça fait un moment que vous avez quitté l’Inde non? A moins que vous ayez trouvé le moyen de vous dédoublé tout les deux? 😉
Salut Balsa,
Le blog de Hihi est loin d’être à jour… Autant j’écris (à 95%) dans un ordre chronologique avec, quand même, un leger différé, autant elle c’est quand ça lui vient et dans n’importe quel ordre…
Même les images indienne que tu peux voir sur son blog ne sont pas de cette année mais de 2006/2007 !
Mais tu as raison, nous ne sommes plus en Inde, nous y avons voyagé du 1er avril au 1er Aout.
Voilà, A+
c est quand meme un peu jolie,on peu le dire,mais dis moi,on est loin des eniemes repas musculeut prit a heures regulieres,lol,quand a la vaisselle,tu l as faite pour 50 000 personnes?avec ou sans gant?mdr,continue de nous enlever de notre quotidient et marche a l ombre,aller poto @+
Très « joli » même !
Aujourd’hui les repas je les prends quand je peux 😉
Et pour la vaisselle, tout le monde donne un peu de son huile de coude, et à tour de rôle ! Heureusement, j’y serais encore…
A+ l’ami.
AH! si Coluche avait connu la machine à Chapatis !!!
Coluche ? Je viens d’atteindre ma limite culturelle… C’est quoi le rapport ?
il aurait bien aimé une machine à faire des milliers de pains pour ses resto du coeur
AAAaaahh ! Mais oui, mais c’est bien sûr… Désolé, j’ai pas percuter .PP.
Hello Sandro,
je vous souhaite une magnifique année à tous les deux! Pleine de découvertes, de surprises… et de photos renversantes 🙂
Je suis curieuse par rapport à vos projets: vous avez un itinéraire en tête pour cette année? Oui je sais, un itinéraire est fait pour ne pas être respecté, mais c’est un fil conducteur qui peut être intéressant.
Quel est votre « best of » de cette année?
Et le « worst of »? 😉
Salut Aline,
Merci pour tes voeux, je te souhaite également une merveilleuse année, riche en découvertes.
Alors pour l’itinéraire… Ben comment dire… J’en ai pas ! Je fais selon les saisons, les envies, les rencontres ou les opportunités, voilà.
Pour le « Best & Worst of » c’est une très bonne question !
Pour le Best je dirais : Leh (Inde), Rajasthan (toujours Inde) et un petit trip avec ma famille (dont je n’ai pas encore parlé) en Thaïlande.
Pour le Worst : Myanmar, Myanmar et Myanmar… Je développerai plus tard dans les news.
Voilà, bonne continuation Aline !
coucou vous deux,
Des photos toujours aussi belles, et oui elles donnent toujours autant envie de monter dans l’avion !!!
Que cette nouvelle année soit pleine de bonheur et de bonne humeur. Je vous souhaite à tous les deux :
1 an de santé
52 semaines d’amour
365 jours de joie
8760 heures de satisfaction
525600 minutes de prospérité
31536000 secondes de bonheur
et
Bonne année
2 fois plus d’argents
0 souci
1 gros bisous
1 belle année
et surtout kiffe ta life
Seb
Hello Seb !
Merci pour tes voeux et tes compliments 😉
Je vous souhaite aussi une année fantastique, kiffez bien ! lol
A+