Impressions Inde, avant et surtout après.
Nous passons quelques jours à Jammu avant de traverser la frontière Népalaise. Jammu est toujours sous haute surveillance, impossible de rentrer dans un temple avec un appareil photo, en fait ils m’ont même confisqué mon stylo… Voici deux pauvres photos prises de l’extérieur :
Nous avons été agréablement surpris par la cuisine, du mouton et poulet mijotés à toutes les sauces, un délice auquel on a quotidiennement succombé.
Mais à part cela, la ville n’a pas grand chose à offrir, alors après les repas sieste pour tout le monde.
Ce sont nos derniers instants sur le sol Indien, nous passons la frontière à pied près de Gorakhpur, exactement de la même façon que nous l’avions fait fin 2006 (dans le sens inverse), mais avec une grande différence, nos esprits n’étaient plus les mêmes, l’Inde nous a définitivement changé.
Je ne suis pas souvent sur ces clichés, d’un je ne me trouve pas spécialement photogénique, de deux c’est majoritairement moi qui photographie…
Je me rappelle bien cette première fois, nous cherchions un transport pour Varanasi dans cette fourmilière humaine, bien sûr il avait une station de bus, mais personne aux guichets, juste une poignée d’Indiens qui prenaient une douche au jet d’eau. Le tuyau servait à nettoyer les bus, pourquoi ne pas en profiter ? De retour sur la route, il a fallut batailler pour avoir un bus, pour avoir le -vrai- prix du billet, aussi pour refuser de payer un -extra- pour le sac, et enfin pour avoir une place assise, l’anarchie totale, c’était notre « Welcome » Indien. Et ce n’était que le commencement de 2 mois et demi de galères, confrontations, stress et aussi, d’émerveillements. Chaque jour était un combat, cela peut paraître exagéré, mais les indiens peuvent être à ce point exaspérants. Chaque chose se négocie, rien n’est vendu au prix -normal-, pas même une bouteille d’eau. Et les arnaques en tous genres sont légions (exemple ICI).
Je me rappelle de ce couple rencontré au Népal quelques jours avant, ils me racontait leurs mésaventures en Inde :
– « Tu verras, ils sont parfois INSUPPORTABLES, ils t’arrêtent tous les 100m, et toujours pour te vendre quelque chose. »
– « Vraiment ? »
– « Oh oui, c’est pour cela que nous prenons deux semaines de vacances au Népal. »
– « Comment ça de -vacances- ? »
– « Le visa Indien est de 6 mois, nous avons besoin d’un break. Deux semaines tranquilles au Népal, nous rechargeons nos batteries, puis nous retournons dans l’enfer Indien ! »
Je n’avais pas trop voulu croire à tous ça : « …ils t’arrêtent tous les 100m » faut pas exagéré ! Et puis si c’est si terrible, pourquoi veulent-ils y retourner ? Des « vacances » au Népal, pfff… Encore des voyageurs « à deux balles ».
J’ai très vite ravalé ces mots, ainsi que mon arrogance, l’Inde m’a mit une claque, et pas une petite.
Effectivement, ils ne nous arrêtaient pas tous les 100m, mais tous les 10m ! « Jetez un coup d’oeil à mon magasin ! », « Deux roupies, donnez moi juste deux roupies ! », « Viens voir mon restaurant, le meilleur de la ville ! », « Pour 10Rs je te lis les lignes de la main. », « Hachisch ? », « Rickshaw ?! », « Mon cousin a une école d’orphelins, une petite donation ? », « Billet de train ? De bus ? », « De quoi tu as besoin ? ».
Rhaaaaa ! De rien ! Je n’ai besoin de rien ! Lâchez moi ! Lâchez nous !
C’était supportable au début, mais après une semaine, deux semaines, un mois… Aargh !
Une anecdote (parmi tant d’autres), pour vous montrer le niveau : Nous marchions tranquillement dans les rues de Varanasi, sans rien demander à personne. Un indien se joint à nous :
– « Vous voyez l’église là bas, elle date de 1893. »
– « ??? »
– « Et ce temple s’appelle le XXXX, fondé en XXXX. »
– « Euh ok… »
– « Cette rue est très connue, c’est ici qu’on fabrique les plus beaux saris du pays. »
– « … »
– « De ce côte, un autre temple Hindou… »
– « …Euh, on voudrait se promener -seuls- si cela ne te dérange pas. »
– « Ah ? Ok pas de problème, ça vous fera 20 Roupies »
– « 20 Roupies ! Pourquoi ? Pour que tu lâches la grappe ?! »
– « Non, pour le temps que j’ai passé avec vous ! Je vous ai servit de guide, cela a un prix ! »
– « Mais on t’as rien demandé ! »
– « Ce n’est pas mon problème, tous travail mérite salaire. »
– « …???…!!! », il s’est enfuit en courant quand il m’a vu changer de couleur, mais le mal était fait, toutes ces mésaventures nous ont poussé au retranchement, nous nous étions petit à petit renfermés, toute communication ou échange était devenu impossible. Pourtant, ce pays est magique, et chaque nouvelle destination nous a au pire enchanté. Mais après deux mois et demi de « lutte », nous n’en pouvions plus, nos nerfs allaient lâcher, il fallait partir et vite.
Dans l’avion (Kolkata-Bangkok), notre joie était au plus haut : « Bye Bye India ! Plus jamais, oh non, plus jamais ! ».
Mais une fois encore, nous avons ravalé nos mots, et il n’a pas fallut longtemps. À peine quatre mois plus tard, nous reparlions déjà d’un possible retour en Inde.
Certes entre temps, nous avons fait du chemin, de la Thaïlande aux Philippines, en passant par des pays comme l’Australie, ou la Corée du Sud. Mais rien n’égalait l’Inde, rien n’avait été aussi fort.
Début 2010, nous voulions repartir sac-à-dos (après un an -posés- à Taiwan) nous voulions partir sur un pays neuf, un pays que nous n’avions pas encore visité, et en même temps un pays proche de l’Inde. Une sorte de pays transitoire, histoire de ne pas prendre une autre claque. Le Sri Lanka fût notre choix, et après un mois sur cette magnifique petite île nous nous retrouvons à nouveau, sur le sol Indien.
Cela peut paraître immature, mais nous avons appréhendé ce voyage, quand nous avons passé la douane à l’aéroport de Trichy, la peur nous a envahi. Est-ce que nous avons fait le bon choix ? Est-ce que nous sommes mieux préparé cette fois-ci ? Combien de temps il va falloir pour craquer ? Premier contact avec l’extérieur, premier test : les chauffeurs de rickshaw, comme un essaim d’abeille, ils nous entourent et nous piquent les oreilles :
– « Trichy ? La ville est très loin, mon rickshaw est très confortable ! »
– « Non, nous prenons le bus. »
– « Pas possible le bus avec vos sacs, ce n’est pas autorisé, mon rickshaw est là pour vous servir. »
Bien entendu, il n’était pas seul à parler/hurler/répéter, ils étaient une bonne vingtaine à se donner la réplique. Mais nous avons tenu bon, nous sommes restés fermes, et sûr de nous. Et comme par magie, l’essaim se transforma en petit groupe, puis juste un seul chauffeur continua le bla bla, mais pas pour très longtemps. Auraient-ils changé ? Ou peut-être, nous avons changé ? Toujours est-il, que ce fût bien plus facile que prévu. Ce test fût un succès total, et fût largement confirmé par la suite.
Bien que nous avions encore certaines séquelles de notre premier voyage, nous laissons rapidement nos carapaces de côté, plus besoin de protection. Un regard suffit à les faire taire, un mot suffit pour que le respect s’installe, nous n’avions plus peur, ils le savaient, et cela se ressentait. Cette aisance s’est répercuté sur le voyage, le contacte avec les locaux s’est merveilleusement passé, nous avons pu échanger, enfin !
Nous qui avions la hantise d’abandonner au bout d’un ou deux mois, nous sommes surpris d’arriver à la fin de notre visa sans inconvenances, au contraire nous voudrions rester plus longtemps.
Que vous dire maintenant ? Qu’il faut y aller ? Que c’est fantastique, et qu’avec un peu de persévérance vous aussi vous apprécierez ? J’aimerai pouvoir être aussi catégorique, mais le bon sens me rappelle à l’ordre. Non l’Inde n’est pas un pays facile à voyager, oui les indiens peuvent être difficiles, et oui ils vont vous arnaquer. Mais paradoxalement, l’Inde est aussi un pays facile à voyager, les indiens sont aussi des gens agréables et généreux, et pas question de vous arnaquer. Oui je sais, je viens d’écrire exactement le contraire, ce n’est pas une erreur, c’est comme ça, c’est l’Inde. Ce pays vous renvoi ce que vous lui donnez, si vous êtes stressé, il vous stressera d’avantage. Si vous êtes en colère, vous le serez encore plus. Mais si votre esprit est suffisamment ouvert, il vous l’ouvrira d’avantage, et si vous êtes prêt à donner sans rien attendre en retour, vous allez recevoir comme jamais vous n’avez reçu.
Difficile à croire ? Comme je vous comprends.
Il ne vous reste plus qu’à essayer, ne soyez pas surpris par votre expérience Indienne, il est fort probable que vous en découvriez bien plus sur vous, que sur le pays lui même.
14 réflexions sur « Impressions Inde, avant et surtout après. »
MOUAIS, franchement je n’sais pas comment vous faites pour vous régaler dans de tels pays mais j’arrive à comprendre …. difficilement…. mais à comprendre UN PEU ……TRÈS PEU.
Bye bye bisousssss
Un peu c;est déjà pas mal 😉
Bise !
Sandro,
MERCI pour ce magnifique post qui résume si bien tout ce que j’ai pu ressentir !
L’Inde est le seul pays que j’ai quitté en disant « ouf » et que j’ai pleuré aussitôt après. De retour de voyage je n’avais qu’une obsession : y retourner… puis j’ai été gagnée par la peur que tu évoques… et si c’était aussi dur… depuis je n’ai pas encore trouvé le temps d’y retourner (car la prochaine fois je vaux avoir du temps) mais ton message me donne vraiement le déclic qu’il me fallait pour l’envisager de nouveau avec des étoiles dans la tête.
Bon vent à tous les deux, et continuer de partager si vous en avez l’énergie, c’est tellement agréable !
Gaëlle
Salut Gaëlle,
C’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire ! Si cet article t’as convaincu d’y retourner, alors je suis entièrement satisfait !
Merci pour ce commentaire, A+
Très bon résumé, rien à dire, à part que je repense aux indiens que je connais; je viens de tester leurs connaissances en implants mammaires et je me suis bien amusé, ils copient sans vergogne, râlent, rendent tout en retard, sont prétentieux, et pourtant, tellement attachants et sympa en même temps…vivants, quoi!
Bref, l’Inde. Bon vent à vous, un peu partout, en attendant un retour à Taipei? Pour moi je ne voyage plus, c’est bien, de temps en temps!
Et oui, du pire au meilleur…
Taïwan en Avril (normalement), alors à bientôt l’ami !
Ton récit m’a bcp touché et fais réflechir!!! il parait effectivement peu simple de vivre dans ce pays si tu y es etranger!!! pourtant tout parait si beau quand on voit les photos!! paradoxal comme tu dis entre l’image que l’on se fait et ce que l’on vit en réalité!!! je suis néanmoins contente que vous ayez tenté une 2eme experience et en êtes ressorti plus positif!!! ne pas resté sur un echec mais je te reconnais bien la ptit frere jamais baissé les bras!!! en tous cas j’ai pique des photos de vous mdr!! hihi est trop mimi fais lui mes amities!!! bonne continuation à vous 2!! a bientot gros bisouuu
Prends toutes les photos que tu veux soeurette,
Big kiss !
Tu as bien résumé Sandro le truc. Parfois, les indiens m’ont sacrement énervé! Et pourtant , je suis d’un naturel calme!Mais l’Inde, c’est fort et l’esprit reste remplis de beaux souvenirs!
Je pense qu’il faut y aller pour vraiment comprendre 😉
Et oui, que de superbes souvenirs !
C’est très sympa de voir plein de photos de vous pour une fois; vous êtes tous deux très photogéniques 🙂
C’est assez dingue ce que tu racontes, ça fait complètement écho à ce que m’avait dit une amie qui y avait passé 2 mois. Je crois que pour l’instant nous on n’est pas encore assez rôdés pour nous y confronter…Pour l’instant on n’a encore jamais rencontré ce « harcèlement » durant nos voyages, j’avoue que ça me fait un peu peur. Mais plus tard qui sait…
Ah, nous sommes photogéniques ? Pour de bon ?! Hihi ok, mais moi…
Je sais que l’Inde peu faire peur, mais il faut franchir le pas, après coup, tu ne le regretteras pas, promis !
Ah ça fait du bien de te relire un peu. Toujours en vadrouille avec de belles photos. Un pur régal
Hé ! PF est de retour 😉
Merci pour les compliments TiM