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Les missions d’Encarnacion

Les missions d’Encarnacion

Après Asunción, me voici en route pour Encarnacion. Sans doute la plus touristique des ville du pays, bon attention, je m’entends, c’est le Paraguay, donc « Touristique » veut dire que j’y ai croisé 5 ou 6 étrangers…
La petite ville n’a rien de spéciale, si ce n’est que sur la rivière ils y ont fait une plage.

Ils s’y sont bien essayé à Asunción, mais sincèrement cela ne donnait pas envie de se baigner… Alors que là, je trouve ça super sympa, sachant que le pays n’a ni de mer, ni d’océan, c’est vraiment bien fait et ça donne même envie.

Mais si la ville est touristique c’est pour une bonne raison : Les missions jésuites, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les plus réputées sont les missions San Cosme et Damian de Tuscón, ainsi que la Santísima Trinidad de Paraná et celle de Jesús de Tavarangue. Et c’est avec cette dernière que nous allons commencer :

Ces missions ont été construites début des années 1600, au début je pensais que ces écritures gravées sur les pierres de l’édifice, étaient une sorte de signature, de l’époque.

Mais en fait non… La mission a été redécouverte au 20ème siècle, et comme les gens qui se sentent obligés de laisser leur nom sur les sites visités aujourd’hui, la même chose se faisait il y a 60 ou 80 ans. Comme quoi la bêtise humaine elle, a toujours existé.

En faisant le tour, je m’aperçois qu’il y a des escaliers pour monter, ça serait peut-être pas mal de pouvoir photographier d’en haut. Malheureusement une grille fermée à clef me barre le passage…
Je ne me laisse pas abattre, et retourne à l’entrée :
– « Euh oui, re-bonjour, il y a une grille qui m’empêche de grimper là haut »
– « Oui, c’est pour raison de sécurité »
– « J’imagine, mais il n’y a pas moyen d’aller y faire un tour ? »
– « Cela vous dérange d’être accompagné ? »
– « Absolument pas, mais par qui ? »
– « Un de nos employé, il vous ouvre, et monte avec vous, toujours pour raison de sécurité »
– « Ok, pas de problème, merci bien ! »
– « Attendez là, j’appelle quelqu’un »
Et voilà, en moins de trois minutes, me voilà avec la fameuse clef en main (enfin, pas dans MA main…). En montant on passe cette coupole qui abrite (abritait ?) une des cloche.

Et nous voici sur le toit, cela vous donnera une meilleure idée des lieux.

Selfie time !

Revenons sur la terre ferme

Les missions sont éloignées les unes des autres, donc je passe plusieurs nuits sur place.

Voici la deuxième, San Cosme et Damian de Tuscón. J’oubliais de dire qu’avec un seul ticket (25000 Guaranis, soit environs 4 Euros) vous pouvez visiter toutes ces ruines.

Ici, les lieux ont été bien préservés, et toujours utilisés, pas entièrement, mais plusieurs parties, comme l’église et certaines pièces.

Un cadran solaire d’époque, rien de mieux pour savoir l’heure, mais moins pratique sur le poignet…

Cette mission a la particularité de détenir un …planétarium et un télescope ! Car le Père Buenaventura Suarez y instaura un centre astronomique, et c’était le premier d’Amérique du Sud. La pièce ci-dessous est une sculpture mais surtout un instrument pour observer, et donner le positionnement des étoiles, ne m’en demandez pas plus… Mais ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’y en a que trois dans le monde comme ça.

Sur la photo ci-dessus, en arrière plan, vous pouvez voir le petit planétarium, on m’y fera une démonstration, en m’expliquant la vue des Guaranis (et de leur culture) sur les constellations.
Il ne fait pas super beau, avec un temps claire, on peut observer le soleil avec le télescope. Tant pis, une prochaine fois.
La mission est au milieu d’un village très charmant, et à deux pas de la rivière.

Voici maintenant la mission de la Santísima de Trinidad, de la route principale, un tas de petites statues marquent le chemin

Je vous laisse observer les lieux :

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Pour les curieux qui se demandent, pourquoi tant de missions au même endroit ? (Et même coté argentin).
En fait ensemble elles formaient bien plus que de simples missions catholiques, c’était tout un état théocratique qui avait été créé. Gouverné par les jésuites eux même, donc très loin de la méthode « traditionnelle » des colons espagnoles.
Alors pourquoi ? Et comment ?
Les colons se sont vites aperçus que les Guaranis (le Guarani est un peuple (qui s’étend entre le Paraguay, le Nord argentin, le Nord-Ouest de l’Uruguay et une petite partie du Brésil) mais aussi la monnaie du pays, et une langue) avaient des similarités dans leurs croyances. Par exemple l’idée de paradis ou de fin du monde. Les jésuites en conclurent (modestement) que Saint Thomas les avait évangélisé lors de son voyage en Amérique du Sud (Ben quoi, vous ne connaissez pas le livre « Saint Thomas au Paraguay » ? Bon ok j’arrête…). Ils utilisèrent alors l’art, et surtout la musique pour faire passer leurs idées, et ils ont très bien réussit. Quelques années plus tard, 140,000 indiens catholiques se partageaient une trentaines de missions, ils étaient prospèrent, et avaient leur propre force militaire.
Comment ça s’est fini ?
Ben encore une fois …les colons. Milieu du 18ème siècle des traités sont signés en Europe, l’Espagne cède des terres au Portugal, certaines missions font partie du lot. À l’époque le 1er ministre portugais déteste les jésuites, il fera démanteler presque une dizaine de missions, et pour en rajouter une couche, au même moment une révolte gronde chez les Guaranis, en 1773 le pape officialisera la suppression de toutes les missions du coin.

Je ne suis pas très « ruine » ou « religion », mais la culture (et donc « Le pourquoi du comment ? ») est toujours intéressant, vous ne trouvez pas ?

4 réflexions sur « Les missions d’Encarnacion »

  1. Les missions jésuites du Paraguay sont terriblement en ruines. J’ai visité celles de la Chicitania en Bolivie qui ont été entretenues et sont encore en fonctionnement avec un festival de musique baroque tous les 2 ans.
    http://whc.unesco.org/fr/list/529

    J’ai lu quelque-part que les Jésuites avaient été expulsés parce qu’ils apprenaient aux Indiens à vivre en collectivité autour de l’église et à s’organiser en sortes de coopératives et que ce n’était pas du tout dans l’esprit du moment qui était l’organisation du pillage des richesses du pays.

    Celles du Paraguay avaient une population Guarani, celle du film Mission de Roland Joffé.

    http://www.herodote.net/Missions-synthese-1881.php

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