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Qui, quoi, comment, camp ?

Qui, quoi, comment, camp ?

Alors travailler en camp, c’est quoi exactement ?
Bon pour vous situer les choses on va commencer par le commencement.
D’abord il y a une compagnie qui trouve du pétrole (où du gaz) au milieu de nulle part, pour le « récolter » elle a besoin de personnel, mais qui dit personnel dit nourriture et logement.

C’est la que cette compagnie en contacte une autre capable de gérer un/plusieurs camp(s). Une fois le terrain acheté ou loué, cette dernière envoi sur place les chambres, la cuisine, salle de sport, etc. par camion.

Le tout est assemblé sur place (comme des Lego) afin de créer une sorte de mini-village, appelé : Camp.
Un camp se compose en général de quatre groupes, l’équipe « bureau » ce sont ceux qui s’occupent de la paperasse, des litiges, de designer les chambres, et surtout ils s’occupent de nos payes, pour info le « big boss » fait partie de ce groupe. En suite il y a l’équipe « maintenance », qui comme son nom l’indique s’occupe de la maintenance, un évier qui fuit ? Hop, on appel la maintenance, mais elle fait aussi parfois office de « taxi », c’est eux qui viennent nous chercher à la station de bus par exemple.
Les deux groupes précédents sont des petites équipes, peut-être entre 4 et 8 personnes, selon les camps. Les deux groupes restants n’ont pratiquement pas de limite en nombre d’employés, il s’agit des « femmes/hommes de ménage », ils s’occupent surtout des chambres; et la « cuisine », dont Hihi et moi faisons partie. Dans notre camp ces groupes contiennent en gros 25 personnes chacun, mais d’autre en ont 3 voir 400 !
Pour la partie cuisine, c’est pratiquement du 24h/24, que ça soit un cuisinier, un pâtissier, ou un gars qui prépare les petit-déjeuner, il y a toujours quelqu’un. Nous travaillions un minimum de 9h/jour ( mais j’en ai parfois fait 14…), le reste du temps, nous sommes libres, toujours au milieu de nulle part, mais libre de faire ce que l’on veut.
Les camps sont en général « dry » (sec), alcool interdit, et toute drogues aussi (bien sûr), si vous êtes chopé, vous êtes viré… D’ailleurs on doit tous passer des test alcool/drogue avant d’être engagés.
Après pour le boulot en lui même c’est un peu la même chose qu’en ville… Moi, comme vous savez, je suis à la plonge, on est trois à faire ça, un le matin, un au milieu, et un le soir. Mon job n’est pas très difficile, mais il dépend surtout du gars d’avant, et oui car si le gars travaille bien, ça va j’ai juste à faire la vaisselle qui arrive, mais si le gars est …disons… « mou », quand j’arrive il y a ça qui m’attend :


Et là avec la vaisselle qui arrive, c’est pas la même ! Mais bon, je ne me plains pas.
Au contraire, j’essaye de faire au mieux, d’aider en cuisine et au service quand j’ai le temps. Ça permet de varier un peu, et surtout comme je suis toujours volontaire, dès qu’il y a des heures supplémentaires à faire, c’est à moi, ou plutôt à « nous » que l’on propose, car Hihi fait bien sûr de même.
On travaille sept jours sur sept, dans les camps les week-end n’existent pas, en revanche toute les trois semaines on en a une de repos, et donc retour en ville.

Quand nous avons fait nos premiers pas à Edmonton, on s’était demandé pourquoi tant de galeries marchandes, sans blague, tout les 3 ou 4 km, un « mall » ! Mais aujourd’hui je comprend mieux… À Edmonton, pas grand chose à faire, ni à voir (du moins l’hiver…). La ville en elle même est sans plus, mais surtout ce froid qui donne qu’une envie …rester chez soi… Mais du shopping, au chaud, et surtout avec tout cet argent (qui vient à 90% des compagnies pétrolières), quoi de mieux ? Tellement logique aujourd’hui. Il y ont même construit le plus grand du monde (Il ne l’ai plus depuis 2004), le West Edmonton Mall.
Alors voilà de retour en ville, on se repose (on dort beaucoup !) et on va au mega mall, par pour dépenser (on réserve ça pour le voyage) mais pour manger un bout, pour « flâner », ou un tas d’autre choses, car dans cette galerie marchande il y a TOUT : Une piscine intérieur, une patinoire, un mur d’escalade, un bateau de pirate avec spectacles de phoques, un mini-golf et même des montagnes russes qui complètent un parc d’attraction, vous ne me croyez pas ? Voyez plutôt :


Puis c’est reparti pour un tour, 3 semaines au camp, une semaine en ville, 3 semaines en camp…
Après presque deux mois, je suis plus souvent en cuisine qu’à la vaisselle, et le chef me dit qu’il pense me faire passer cuisinier d’ici peu, cool !
Sauf que deux jours plus tard…
Tout les employés sont convoqués au tour d’une table, le Chef doit faire un annoncement :
– « Bon j’ai une nouvelle à vous annoncer »
Oui…
– « Notre camp ferme dans trois jours, pour quatre mois »
WTF ?!
– « Mais ne vous inquiétez pas, vous allez tous être envoyé dans un autre camp, aucun licenciement

– « Le camp se trouve à 20 minutes d’ici, c’est un plus gros camp, avec 3 cuisines »
Ok… Nous voilà donc tous « transférés »… La plupart des gars ne sont pas très heureux de ce changement, pourtant nous, on est assez contents. Hihi est maintenant une « assistante pâtissier » et moi fini la vaisselle ! Cuisto à temps plein !


Donc tout allez bien, enfin jusqu’à ce matin :
– « T’as eu ta lettre ? »
– « Ma lettre ? »
– « Ben oui, t’es pas au courant ? »
– « Bon, non je ne suis pas au courant, quelle lettre ?! »
– « On est tous viré… »
– « Quoi ?! »
– « Oui, apparemment on est de trop dans ce camp, donc on est suspendu le temps que notre camp ré-ouvre »
– « Super… »
Pourtant je ne recevrais jamais cette lettre, Hihi non plus d’ailleurs. Il ont gardé cinq employés, et nous faisons partie du lot !
Étant étrangers, et pour ma part le dernier a être arrivé au camp, ça met quand même un peu mal à l’aise…
– « T’inquiètes pas Sandro », me dit une collègue en me posant sa main sur l’épaule, « au Canada il a trois choses sur lesquels on ne peut jamais compter : Le Temps, les Femmes et le Boulot »

21 réflexions sur « Qui, quoi, comment, camp ? »

  1. Belle suite! D’ordinaire, l’ambiance dans les camps est plutôt agréable quand ils sont bien dirigés. Mais il existe aussi des camps (au Québec) où il est très difficile d’y travailler. Beaucoup de machos, de sales types, d’alcool… Ça fait parfois des étincelles. Mais d’ordinaire, ceux opérés par les compagnies pétrolières sont plutôt biens.

    C’est vrai que le West Edmonton Mall est vraiment très très gros. J’y suis allé par le passé, et si bien que je ne suis pas adepte de magasinage et de surconsommation, on peut y faire un tas d’activités. Pour celui qui aime patiner, c’est génial! A+

  2. J’ai visité quelques centres commerciaux au Québec qui me paraissaient déjà géants
    alors j’imagine bien volontiers le gigantisme de celui d’Edmonton.
    Il faut bien une vie commerciale en hiver et la construction de ces « hypers »
    permet de concentrer les commerces et garder en otage les clients biens au chaud dans les
    galeries c’est vrai aussi qu’à part les activités de neige il ne reste pas grand-chose
    à faire pour distraire des populations qui doivent continuer à vivre et à s’approvisionner
    de façon régulière malgré les conditions climatiques du moment.

    C’est drôle mais j’ai toujours parfaitement imaginé les camps de travail et ne suis
    pas surpris par tes photos et presque pas par tes commentaires à part quelques
    anecdotes que tu nous racontes tout le reste me laisse un goût de
    déjà vu ….étrange !!!!!

    C’est bien que vous ayez pu continuer à bosser après la fermeture de votre zone , tu sais
    dans une vie de labeur on fait vite la différence entre les employés, il y a ceux qui mordent,
    ceux qui se laissent porter par la vague et ceux qu’il faut tirer pour qu’ils se bougent et si vous
    êtes restés parmi les cinq c’est que vous aviez des mâchoires suffisamment puissantes et une volonté d’acier….Y’a pas d’secret.

    Ciao mes p’tits on attend les prochaines news avec impatience.
    Bon vent à vous et plein de gros bisous.

  3. Aaaaaaaaaaaaah… les méga-malls…

    J’ai visité le Mall of America à Minneapolis (le plus grands des USA) et c’était presque pareil (moins la piscine). Se ballader dans un parc d’attraction couvert, c’est tout de même étrange.

    Tiens, ils n’on t pas de rodéo à Edmonton (je sais que Calgary est la capitale du rodéo canadien mais on ne sait jamais)
    Heureusement que les Rockies ne sont pas trop loin! Pas le temps de pousser jusque là pour une paire de jour?

    1. Oui mais comme dit plus haut, c’était l’hiver… Donc pour les rodéos c’est pas ça…
      Et pareil pour les Rockies, ce n’est pas si près, mais surtout l’hiver beaucoup de routes sont fermées, on a attendu l’été pour les visiter 😉

  4. Bonsoir, je viens de découvrir ton site. Vraiment super, inspirant!
    Je planifie aussi un projet semblable et essaie de trouver tout le courage pour quitter une situation confortable mais contraignante, ne voulant pas déplaire à mes proches, pour accomplir mes rêves. Ton projet avec les enfants Birmans m’a énormément touché et beaucoup inspiré, cela m’a vraiment donné la conviction du bien fondé de mes décisions futures… Merci et bonne continuation !!

  5. Idem sur quelques recherches je suis arrivé là.

    En France l’équivalent de West Edmonton Mall? Non je pense pas, à la limite des limites aquaboulevard?

    Et bien grosse frayeur pour le courrier à ce que je vois 😉

    1. Euh… Pas du tout d’accord avec ça, ici le temps passe de 30 à -30, les femmes peuvent demander la moitié de tes biens après avoir passé seulement 6 mois sous ton toit (sans être marié), et ici presque aucun système pour empêcher ton patron de te virer du jour au lendemain, donc non, pas comme en France…

      1. Pour les femmes, sérieux? C’es pire qu’en Colombie, ici il faut 2 ans! J’en parlais il y a peu:
        C’est fou, cela fait dépassé comme mesure! Mais dans la réalité, certaines le demandent vraiment?

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