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Vacances vénézuéliennes

Vacances vénézuéliennes

De nouveau au Brésil, je reste quelques jours chez une amie rencontré sur le Roraima, puis prend la direction de Manaus, plus grande ville de l’Amazonie.
Après une recherche rapide, je tombe sur une auberge au prix correct pour la région, curieusement, tous mes voisins de chambrée sont …vénézuéliens.
La ville n’a pas grand chose à offrir (à par une des meilleure açaí du pays), si, un merveilleux théâtre,

une beauté extérieur et intérieur, comme posé par magie, totalement décalé par rapport au reste de la cité, mais un pur plaisir des yeux et des oreilles, certains concerts étaient gratuits, et je ne m’en suis bien délecté.


Alors certes, touristique ou non, un lieu a toujours plusieurs centre d’intérêts, il suffit d’avoir l’œil, d’ouvrir l’esprit, d’être à l’écoute, on découvre toujours quelques chose d’extraordinaire, marquant, marrant, enrichissant. Pourtant même si c’est le lieu rêvé pour se noyer dans la foule, j’ai une bonne raison d’être là, toute autre, et bien terre à terre (si on peut dire), je souhaite trouver un bateau -pas cher- qui me ferai traverser l’Amazonie pour atteindre la Colombie.

Et mes quelques jours sur place serviront seulement à trouver ce « Graal », non en fait, ils serviront aussi à en découvrir plus sur ces vénézuéliens :
– « Vous êtes là depuis longtemps ? »
– « Trois semaines »
– « Trois semaines ?! Vous travaillez ici ? »
– « Non, nous sommes officiellement en vacance »
– « Officiellement ? »
– « Oui » me sourit-il
– « Mais vous avez fait un peu le tour de la région ? »
– « Non, non, on reste à l’auberge »
– « Tout le temps ?! »
– « Non, parfois on sort, acheter de la nourriture »
– « Ben, elles sont super vos vacances hein »
– « On n’a pas trop les moyens, donc on reste à regarder la télé »
– « Je ne comprends pas, ok vous n’avez pas les moyens, mais alors, pourquoi ne pas rester chez vous ? Et regardez la télé là-bas… »
– « Parce-qu’on gagne de l’argent à venir ici »
– « De quoi ?! »
– « Oui, une idée du gouvernement »
Puis il me raconte l’invraisemblable, dans les articles précédents sur le Venezuela je vous avais parlé de l’inflation abyssal du pays, officiellement 1US$=10 Bolivars, mais dans la rue, au marché noir 1US$=850B (2015) truc de fou… Alors pour enrayer le déficit, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux qu’offrir des vacances à certains possesseur de carte de crédit, avec ce sésame, vous avez le droit de partir un mois à l’étranger, tout frais payés, ils donnent dans les 2000US$ !!! Une somme énorme pour un vénézuélien. Le but ? Rééquilibrer la balance avec les dollars US, les faire utiliser à l’extérieur du pays, super idée hein ? Sauf que ça ne marche pas, au contraire cela fait l’effet inverse, pourquoi ? Ben imaginez des gars qui ont un salaire qui vacille entre 20 et 40US$/mois, on leur offre entre 15 et 20 ans de salaire pour « voyager », qu’est-ce qu’ils font ? Ils vont sortir du pays, vivre dans une auberge à 5US$ la nuit (comme celle-ci par exemple), manger au supermarché, puis attendre le jackpot pour revenir au pays et les échanger sur le marché noir, ben oui !
– « Mais pourquoi vous rentrez pas de suite »
– « Parce-qu’ils ne nous les versent pas d’un coup, chaque semaine, entre 600 et 800US$ »
– « Et donc, une fois le ‘pactole’ retiré, vous rentrez »
– « Oui, puis on échange tout ça au marché noir, et on est tranquille pour un moment »
On a bien ri, ils étaient une douzaine, tous mangeaient ensemble (souvent des noodles), tous affalés sur le canapé quand je rentrais (pareil quand je partais), toujours le sourire, on peut dire qu’il y avait de l’ambiance.
De mon côté, j’ai pu trouver le bateau longtemps imaginé, moins de 20Euros pour une une semaine de trajet, nourriture comprise, seul condition ? Avoir un hamac.

Hamac (testé !) sous le bras, je dis au revoir à mes amis vénézuéliens, et rejoint le port pour un trajet dont je me souviendrais longtemps.

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