Dans le Damaraland
Nous prenons à nouveau la direction du Nord, pour rentrer dans ce que l’on appelle le Damaraland.
C’est une des régions autonome créée pendant la période de l’Apartheid, réservée aux populations noires, qui pouvaient y vivre libres, et selon leurs règles. Ici elle regroupait les Damara, une ethnie africaine dont la langue officielle était le nama. Même si cette région fût réintégrée à la Namibie en 1989, le nom est toujours de vigueur.
En pleine accélération, j’ai l’impression de voir des petites boules de poils bouger au loin sur la gauche, je ralentis. À la hauteur de ces mouvement aléatoires, je m’arrête, mais plus rien. Je fixe l’horizon, et boum ! Des petites têtes se lèvent, ils sont au moins une douzaine, j’attrape l’appareil laissé entre les pieds de Julia, et claque la porte à leur rencontre.
Ils m’ont vu, ils se cachent, je continue à avancer, plus rien. Ils n’ont pas pu disparaître !
Je cours, et d’un coup… Fouuu, fouuu, foouuu, comme des lièvres ils décollent tous en même temps, et dans toutes les directions, c’est un groupe de suricates, malheureusement je n’ai pas eu le temps d’armer mon objectif. Près à retourner à la voiture bredouille, je stoppe net en observant un membre de la famille resté sur place.
Je le photographie, un peu, beaucoup, passionnément, il ne bouge pas, totalement immobile. Intrigué, je me rapproche, encore, et encore, toujours rien…
…je suis maintenant si près que je peux le toucher du doigt, c’est d’ailleurs ce que je fais, un peu inquiet, ma peau frôle la sienne, une seconde passe sans aucun mouvement, puis voooom ! Il décampe comme ses frère, tel une fusée débridée.
Il a dû penser qu’il avait atteint la perfection niveau camouflage, en restant immobile, il a surement dû se dire « En restant comme ça, il ne pourra pas me voir » mais mon doigt l’a fait revenir sur terre.
De retour à la voiture, deux autruches me passent devant en courant, décidément c’est animé ici.
Nous voudrions atteindre la ville de Khorixas, et en chemin nous arrêter admirer la fresque de la Dame Blanche.
C’est sur le massif du Brandberg que l’on peut la trouver, cela tombe bien, nous y sommes :
Il y a un droit d’entrée, et un guide obligatoire. On se précipite sur nous dès notre arrivée, mais on trouve l’endroit sympa pour déjeuner, alors on leur demande d’attendre la fin de notre repas.
C’est parti :
Ci-dessous le reste d’un arbre démonté par des éléphants :
Après une demi-heure de marche, des escaliers font leur apparition
Et voici la voute qui renferme la fameuse fresque :
La « White Lady » est sur la photo de droite :
Il se trouve qu’en fait ce n’est pas une femme, mais un homme, un chaman on suppose. Cette scène est, d’après les chercheurs, une représentation de cérémonie, ou de danse rituelle. C’est sa découverte en 1918 qui emmena le nom de Dame Blanche, peut-être pensaient-ils que cette silhouette ne pouvait être que féminine.
Il y a plusieurs peintures, et elles n’ont pas été dessinées toutes en même temps, les environs en sont remplis. En ce qui concerne leurs âges, certaines on 2000 ans, mais d’autres vont jusqu’à 5000. Plus il y a de couleurs, plus elles sont récentes, par exemple celle de la Dame Blanche à un peu plus de deux millénaires, car beaucoup de couleurs.
Retournons à notre monture à quatre roues.
Voici le camping tout simple de Khorixas :
Bien suffisant.
Après une bonne nuit de sommeil, direction la Forêt Pétrifiée du Damaraland, à seulement 30km. Là aussi il faudra un guide, c’est obligatoire.
En premier lieu, il nous présentera longuement cette plante, la Welwitschia mirabilis :
Elle a deux particularités : Un, de n’avoir que deux feuilles qui poussent à ras du sol, deux, de vivre plusieurs milliers d’années ! Ci-dessus une plante d’un siècle, ci dessous une autre qui aurait dans les 1500 ans !
Ici, un pied femelle :
Ici, un pied mâle :
Et là, une fleur mâle :
Voici un des tronc pétrifié :
Il ont des millions d’années, et malgré ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas ici qu’ils ont grandit, nous ne sommes donc pas au milieu d’une ancienne forêt, ce sont les flots qui les ont amené ici, ils viennent en fait du centre du continent. Il peuvent atteindre 30m de longueur, ci-dessous, un seul et même arbre:
Ces conifères ont été fossilisés suite à la couverture de sédiments, le processus a mit plusieurs millions d’années, on estime que ces arbres ont entre 250 et 300 millions d’années.
Ici, vous pouvez mieux voir comment la roche a remplacé le bois :
Les cercles de bois restent visibles encore aujourd’hui :
Reprenons la route pour un dernier arrêt.
L’endroit se nomme Twyfelfontein, c’est un site archéologique qui concentre un très grand nombre de pétroglyphes (dessin symbolique, gravé sur la pierre), plus de 2000 figures sont déjà recensées
Encore une fois, guide obligatoire, nous repartons à pieds au milieu du Damaraland
Et voici les œuvres :
Le lion avec la main au bout de la queue est devenu un vrai symbole
Le tout date environs de 4000 avant JC
Ici une girafe qui essaie… Je ne sais pas… Je ne sais plus…
Certains symboles servaient de carte pour situer des points utiles, comme par exemple ces cercles :
Un cercle vide veut dire point d’eau, un cercle avec un point au milieu veut dire point d’eau tout au long de l’année. Ce qui est étrange c’est que l’on a retrouvé ces mêmes significations pour ces mêmes symboles à travers le monde, même dans le bush australien, deux solutions, où des hommes ont traversé le monde et fait passer le message, ce qui est très peu probable… Ou, ces symboles sont universels, n’importe quel humain normalement constitué aurait donné ces symboles pour ces mêmes significations, une sorte de logique humaine.
Nous quittons Khorixas, la tête pleine de symboles et peintures, encore une fois direction le Nord, nous allons quitter le Damaraland pour rejoindre Opuwo et essayer de rencontrer le peuple Himba.
2 réflexions sur « Dans le Damaraland »
tres enrichissant, je savais que l’Afrique regorge de sites prehistoriques et de sites naturels a couper le souffle, tes photos me donnent encore plus d’y aller un de ces 4 🙂
Oh que oui, l’Afrique a tellement à offrir, un vrai trésor 😉