Hawaï, la grande île
Me voici aujourd’hui à l’aéroport de la grande île, tout est en plein air.
Il fait un temps splendide, et de jolies statue sont là (malgré le fait qu’elles ressemble plus à des hommes qu’autre chose…) pour nous mettre dans l’ambiance.
Le bureau du tourisme est fermé (en grève), bon de toutes façons, ils n’ont jamais été très agréables (et/ou utiles) ici…
Nous sommes à 12km du centre ville, donc 12km des premières guest-houses, je demande donc à un agent de surveillance :
– « Bonjour, il y a des bus pour la ville ? »
– « Euh… Oui, mais c’était ce matin »
– « Mais euh… Il est 9h du matin, donc c’est toujours le matin là, non ? »
– « Oui, je veux dire qu’il y en a eu un ce matin, à 7h00 »
– « Et ?.. »
– « Et c’est tout »
– « Il n’y a qu’un bus par jour ? »
– « Non, par matinée. Le second et dernier, est ce soir 18h00. »
– « Mais c’est fantastiquement génial ça ! 2 bus par jour, et là donc, je dois attendre 9h sur place pour le prochain ? »
– « Oui… »
– « Bon, et quoi d’autre comme solution ? »
– « Les taxis »
– « Ils vont tuer mon porte-feuilles non ? »
– « C’est vrai que c’est assez cher… »
– « Combien ? »
– « Dans les 100$ »
– « 100$ !!! Pour 12 kilomètres ?!? »
– « Oui, c’est Hawaï… »
– « Ok, merci… »
Juste pour être sûr je demande à 2, 3 taxi, et la réponse est toujours la même : 98$
98$ pour faire 12 km, j’hallucine complet.
Bon ça me gonfle sévère, GoogleMap m’indique que c’est tout droit sur la route, et que ça prendra entre 2h et 2h30, selon la cadence, alors tant pis, sac sur le dos, je me mets à faire la route à pieds, pas question de débourser 98$ !
Il fait hyper chaud, et le paysage est toujours pareil : de la route, de la lave, et l’océan à perte de vue.
Je ne suis pas fan de l’auto-stop, alors pas de pouce, seulement une marche cadencée, avec un peu de chance je peux arriver à la chambre pour midi.
Après 45 minutes de marche, je suis bien évidemment en sueur, un gros quatre roues motrices s’arrête devant moi, je le passe, une femme à bord tape un texto sur son téléphone, en me voyant arriver elle me lance :
– « Tu vas en ville ? »
– « Oui… »
– « Montes ! »
– « Merci bien »
Elle venait juste de déposer quelqu’un à l’aéroport, m’avait vu sur la route et s’était dit « Si il est encore là quand je reviens, je le prends en stop », cool, hein ? Vous pensez que je suis chanceux, que c’est un bon karma, oui pour sûr. Mais la suite est encore plus surprenante.
On commence à parler, et je lui raconte que je suis sur la route depuis plus de 7 ans maintenant, etc, etc.
– « Ouha, c’est vraiment sympa de voyager comme ça ! »
– « Oui, c’est un choix de vie »
– « Mais pourquoi tu veux aller en ville, il n’y a rien de spécial »
– « Si des guesthouses ! »
– « Ha oui, mais le plus intéressant de ce côté, c’est à 6km plus loin, sur la baie Kealakekua »
– « Je sais… Mais on peut y dormir ? »
– « Oui, il y a un hostel »
– « Comment vous savez ? »
– « J’habite sur la baie »
– « Vrai ?! Cool. Ça vous dérange de m’y laisser ? »
– « Absolument pas, au fait pour combien temps êtes vous là ? »
– « 7 ou 8 jours »
– « Pourquoi ne pas dormir chez moi ? »
– « Euh, ok… Mais combien vous voulez pour ça ? »
– « Oh rien, j’ai toujours fait confiance au karma, je pense que tu es quelqu’un de bien, ça suffit »
– « …. », « Euh je ne suis pas très riche, mais je peux quand même vous payer quelque chose »
– « Non, non, c’est décidé »
– « Ben merci beaucoup… »
On arrive à sa maison :
C’est juste devant la mer, de grandes chambres, le top.
Et elle me dit que le couché de soleil se passe juste devant cette fenêtre.
– « Ok, après demain, je m’en vais pour 1 mois à San Francisco »
– « Oui… »
– « Donc tu auras la maison pour toi tout seul »
– « Quoi ? »
– « Non, en fait j’ai des amis qui vont vivre ici plus tard, mais c’est bon tu leur laissera les clefs »
– « Je ne veux pas faire l’enfant gâté, mais on ne se connaît que depuis 30 minutes, et vous me donnez les clefs de la maison ? »
– « Ha ! Oui, je suis comme ça. En plus le frigo est plein, alors sers toi, car le temps que je revienne, tout sera périmé »
– « Donc en fait je suis nourrit, logé »
– « Oui ! Et une voiture aussi …si tu veux »
– « De quoi ? »
– « Cette île n’est pas très bien desservit par les bus, il faut avoir un véhicule, prends mon 4×4. »
Là je ne sais pas trop quoi dire, j’avais prévu un gros budget pour cette île (comparé avec ce que je dépense normalement), et là tout c’est tellement vite passé ! J’essaye de lui proposer de la payer encore une fois, mais refus catégorique.
– « Bon en revanche ce soir tu dois aller à l’hôtel, je vois mon copain pour la dernière fois avant le voyage »
– « Ok bien sûr »
– « Je t’aurai bien laissé une chambre, mais on risque d’être un peu bruyants, si tu vois ce que je veux dire… »
– « Oui, pas besoin de photo. Mais aucun problème, ou est l’hôtel ? »
– « Il y a des dortoirs à 4 ou 5 kilomètres, prends la voiture, et reviens demain vers 9h, il sera parti »
– « Ok… Merci, merci infiniment »
Je prends donc SA voiture pour aller à la guesthouse, je suis encore un peu déboussolé, j’arrive, pas de bus, et taxis à 98$, je fini avec maison, nourriture et voiture, pour …0$, la vie est vraiment surprenante.
Retour à la vie « routard » pour quelques heures :
– « Vous avez un lit de libre ? »
– « Oui, 35$, et il me faut votre passeport »
– « Ok »
– « Vous ne vivez pas ici, hein ? »
– « Non, je suis Français »
– « Ok, ok…
– « Euh, les dortoirs n’ont pas de portes ? »
– « Non juste des rideaux »
– « Et le bruit, et surtout les moustiques ? »
– « Pas de bruit ici, et pour les moustiques il faudra vous protéger »
– « Super, ça vaut vraiment 35 $ ! »
– « Pardon ? »
– « Non rien, j’me comprends… »
Ce panneau m’a fait halluciner :
Il faut être étranger, ou avoir un billet d’avion (de départ) pour pouvoir avoir un lit ! En fait tout est tellement cher à Hawaï, qu’il est plus abordable de vivre en guest-house, même pour les locaux ! Bon de toute façon, c’est juste pour une nuit.
Le lendemain, retour à la villa de rêve. Le temps d’observer quelques geckos colorés sur le lavabo de la cuisine,
et Heather (c’est son nom) m’emmène à la plage, qui se trouve approximativement à 200m de la maison.
En prenant notre bain de soleil, elle me conseille quelques endroits, et aussi rajoute des choses à la liste des choses que je peux utiliser :
– « J’ai aussi des canoés, et une planche, tu peux aller pagayer dans les environs. J’ai aussi une moto, si tu veux t’en servir. »
– « Je crois que ça va aller, je pense avoir LARGEMENT tout ce qu’il faut maintenant. »
C’est dommage qu’elle doit partir, j’aurai aimé lui « rendre la pareille » en cuisinant, ou en l’invitant au resto, je ne sais pas. C’est juste beaucoup, je me sens un peu mal… Mais elle a vraiment l’air d’être comme ça, et cela lui suffit.
On se dit « Au revoir », et me voilà sur la grande île avec …tout.
Alors c’est parti pour la visite des plages volcaniques, clichés (oblige) :
Puis il y a aussi un parc national, de volcans. Où la lave, année, après année avale tout sur son passage…
…y compris la route.
Des paysages lunaires
Voici le cratère, comparé au Vanuatu, c’est très « bof »…
On peut aussi passer à travers des tunnel de lave :
Il y a toujours de la lave en activité, mais il faut deux jours de trek. Car la lave se déplace rapidement, et aujourd’hui le parc (gouvernemental donc) ne contient plus tous les chemins pour accéder à ces endroits, alors les locaux bien gentiment vous demandent 150 à 200$ comme droit de passage, tout le monde n’est pas aussi sympa qu’Heather…
Plus bas vous pouvez admirer quelques pétroglyphes, ou « dessins symboliques dessinés sur de la pierre », l’endroit se nomme Pu’u Loa, et ces dessins ont plus de 500 ans.
Voici la fameuse vallée Waipio, malheureusement sous un sale temps…
Puis un petit tour sur l’observatoire. Car oui, l’île a le plus grand observatoire astrologique au monde, et il est à …4200m d’altitude !
Ceci est un (ou une) Argyroxiphium Sandwicens Sandwicense, sacré nom, hein ? Il fait partie de la famille des Asteraceae, cette plante a des millions d’année, et en 1986 elle a été classée « espèce en voix de disparition », ils la réintroduisent, petit à petit. Sa particularité, c’est qu’elle grandit pendant des dizaines d’années avant de fleurir (jusqu’à 40 ans !) alors il faut être extrêmement chanceux pour la voir en fleur.
Mais j’ai eu cette chance ! Bon rien d’extraordinaire, mais quand même, après 40 ans comme la photo ci-dessus, elle se transforme en ça :
Puis il reste à monter les 4000m qui rallient le sommet :
Je passe donc au dessus des nuages
Il fait froid, et mes vêtement d’hiver sont restés à Honolulu (vous croyez que je savais que j’allais monter à plus de 4000m à Hawaï ?!)
Sur la baie Kealakekua, il y a un point intéressant à visiter, le Capitaine James Cook Monument. Il est maintenant interdit d’y aller par voie terrestre, donc seul solution …la voie maritime. Pour se faire on loue de canoés à prix d’or, genre 50 ou 60$, pour faire le kilomètre et demi qu’il y a entre la plage et le monument, en plus vous devez payer pour aborder ! Où alors vous prenez un tour, qui vous emmène en bateau directement sur place, en incluant le prix d’entrée (ou d’abordage, si vous préférez) et comme c’est Hawaï, comptez 150$ pour cette généreuse option. La statue n’a rien de particulier, ce sont les fonds marins environnants qui sont réputés. Alors comme Heither me l’avait suggéré, j’y vais à la pagaie, sur sa planche. Le masque autour du coup, et la rame à la main, c’est parti pour la traversée.
Un petit requin caché sous les roches
Le voilà le fameux monument, d’ici ça me suffit.
Puis pour le final : Les raies Manta
Tous les soirs, des bateaux viennent et mettent leur lampe en mode « on », ce qui attire le plancton, et par la même, les raies.
Là aussi deux solutions, avoir des lampes sous-marines, et venir de la plage opposée (car sauter directement des rochers d’en face est plutôt dangereux, et quand bien même vous survivez au choc, comment revenir sur la terre ferme ?). Le truc, c’est que comme par hasard, personne ne loue de lampes étanches, il y a des dizaines, voir des centaines de magasins pour la plongée, qui louent absolument TOUT, sauf des lampes. C’est bizarre, hein ? C’est aussi bizarre que tous ces magasins ont des bateaux qui emmènent les touristes sur place, pour la modique sommes de 120$ (jusqu’à 200$ pour certains), bref : « buisness is buisness »
Mais avec tout ce que j’ai économisé cette dernière semaine, je ne vais pas faire la fine bouche. C’était la grosse sortie de l’île, j’y pensais depuis un moment, alors lâchons nous !
Le bateau nous emmène près de l’aéroport, où nous attendont que le soleil se couche.
Puis tous à l’eau pour admirer la danse des raies Manta.
Difficile de prendre des photos de nuit avec la GoPro…
Mais voici quelques clichés « passables »
En revanche au niveau vidéo, c’était correct, vous pouvez aller voir ICI la petite vidéo que j’avais (vite) fait sur Facebook.
Vous pourrez voir comme elles passaient à ras du nez ! Une superbe expérience.
Bon, voilà il est temps de quitter Hawaï. Bon pour sûr mon île favorite est de loin Kaua’i, mais sur cette archipel où tout le monde semblait tourné contre les « routards », c’est ici, sur la grande île que j’ai eu une de mes plus surprenante rencontre. Comme quoi même si les lieux sont importants, ce sont toujours les gens, et les expériences qui font la vraie différence.
Je prends un vol pour Vancouver. Oui, retour au Canada pour quelques mois, c’est un peu ma Thaïlande d’Amérique, là où je me sens bien, où je peux me poser, trier et classer toutes ces photos, recharger les batteries afin de mieux repartir.
Et il en faut de la recharge, car après c’est en Amérique Centrale que je vous emmène !
14 réflexions sur « Hawaï, la grande île »
EH bien dis moi en voilà une drôle d’aventure, j’espère que tu as gardé les coordonnées de cette généreuse dame et que tu auras ,un jour peu être ,l’occasion de lui faire un petit coucou.Pour le reste je vois bien à travers tes commentaires que ces îles sont des pièges à touristes comme dans beaucoup d’endroit sur la planète.
Bon retour au Canada.
Gros bisous mon fils à +
Ce n’était pas une « dame’, elle était plus jeune que moi 😀
Mais oui, nous sommes restés en contact.
Bise !
C’est fou la générosité de cette dame d’autant que ça parait lui être tellement normal. Les photos sont sublimes et ça me donne beaucoup envie de me rendre à Hawaï. Par contre niveau budget, si on n’a pas autant de chance que toi, c’est plus compliqué… Tu as ses coordonnées? 😉
Ah ! Oui, mais je les garde privé lol
Super article! C’est pour des rencontres fortuites comme cela que l’on voyage… quelle beauté cette générosité, à imiter de retour chez soi! 🙂
Oui, et sur ce genre d’endroit, vraiment inattendu… AiE
Mais quel plaisir de voir une autre facette.
Magnifique comme d’habitude, je suis heureuse qu’une partie du Canada soit »ta Thailande d’Amérique »
Ah ! Il y a vraiment de beaux coins dans ton pays 😉
Quel aventure incroyable!! Tu as de la chance de l’avoir rencontré!! Les photos sont top aussi =)
Oui, karma j’imagine 😉
À bientôt Aline
encore une belle histoire, des rencontres aussi genereuses ne se font pas tous les jours, ca mest arrive aussi sur une ile en Nouvelle Zelande, genre je marchais dans la rue et hop on sarrte, mais vous allez ou? a pide? non non je vos emmene….cette route avec la lave qui deborde, les fumes …meme paysage qua la Reunion! par contre je naurai jamais imagine qu’ Hawai aurait ete aussi cher….superbes photos
Oui, heureusement, il y a encore un tas de gens de cette sorte. Il faut parfois un peu de chance (ou karma ?)
A+
Extraordinaire, cette rencontre HeArT
La vraie générosité existe encore 😮
Super article, riche et varié !
Allez je file lire la suite.
A bientôt !
Marjorie
Oui, extraordinaire ! 😉