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La réserve Moremi

La réserve Moremi

Nous devons nous lever tôt, plus de 2h de route nous attendent pour atteindre la réserve. Un chauffeur vient nous chercher, trois passagères d’une soixantaine d’années sont déjà assises à l’arrière.

C’est un grand camion, on aurait pu facilement y rentrer à 16, mais nous serons seulement 7, et nous attendons les 2 derniers à leur hôtel. À cette heure la température frôle les 5 degrés, et il faut savoir que seul le chauffeur est à l’abri, nous à l’arrière nous avons, certes la meilleure vue, mais rien ne nous protège du froid, tout est ouvert et cela va durer tout le voyage… Heureusement on nous a fournit de grosses vestes, elles ressemblent à des gilets par balle géants, elles sont lourdes et descendent jusqu’au genoux.
Les deux derniers arrivent enfin, et nous prenons la route. Sincèrement je ne pensais pas me les geler autant en Afrique ! C’était à la limite de la torture, ce vent produit par la vitesse du véhicule nous transformait en bâtons d’esquimau, le chemin n’en finissait plus…

Le camion ralentit, je suis recroquevillé sur moi-même, le visage entre les mains. « Hyènes, Hyènes ! » nous crie le chauffeur.
Je sors doucement de ma coquille, et effectivement, en plein milieu de la piste 3 hyènes peu farouches dansaient autour du véhicule. Je reste abasourdit, par le froid et le spectacle, puis après quelques minutes je percute : « Merde, l’appareil ! » le temps de le sortir, elles avaient déjà prit de la distance, je cadre et :

Pas mieux… C’était trop tard, elles avaient déjà rejoint la savane.
La température se réchauffe, et notre chauffeur roule moins vite, nous sommes sur les terres Moremi. L’appareil en main, je suis prêts.

Au loin, des véhicules sont arrêtés, et au milieu de la route :

Mais qu’est-ce que c’est ? Je pensais à une hyène, mais pas du tout.

C’est ce que l’on appelle un chien sauvage d’Afrique

Et ils sont plusieurs

Nous nous enfonçons dans la savane, le paysage se précise.

Je vous laisse admirer :

La masse dans l’eau ci-dessous, est un groupe d’hippopotames

Au loin un couple de touristes descend de leur véhicule (accompagnés de leur guide) :
– « Je peux descendre aussi ?
– Oui, mais restes près du camion
– Ok »
Je saute, et me rapproche du plan d’eau pour voler quelques clichés

Après même pas 5 minutes, une des passagère me supplie de remonter (je suis le seul à être descendu), je n’y prête pas trop attention, personne me dira quoi faire …à part le guide bien entendu.
Une fois mon siège retrouvé, elle avait le visage décomposé :
– « Tu es malade d’aller avec ces monstres
– C’est un peu exagéré, il y a quand même une certaine distance
– Oui, mais peuvent aller vite !
– Je sais bien, mais ils sont dans l’eau, le temps qu’ils sortent je serais déjà remonté, puis le guide m’a donné son feu vert
– Parfois on n’a pas le temps, parfois ils vont vraiment trop vite…
Et c’est à ce moment qu’elle nous raconte qu’une de ces amie a perdu l’usage de ses jambes à cause d’un hippo. Cela se passait au parc Kruger (Afrique du Sud), comme moi elle est descendu du camion, pour mieux photographier, un des hippo est sortie de l’eau en furie et l’a écrasé contre le véhicule, résultat : Paraplégie à vie
Je n’étais pas là, impossible de savoir les conditions réelles, quelle était la distance, quelle âge avait la victime (une trentenaire remonte plus rapidement qu’une sexagénaire…) est-ce qu’il y a eu de l’irresponsabilité ? Oui certainement, mais n’empêche que les hippos sont à surveiller comme le lait sur le feu.

Plus tard nous croisons une jeep, les deux chauffeurs s’échangent quelques mots, puis nous faisons demi-tour ….?
Nous sortons de la piste, heureusement le véhicule est tout terrain, nous tournons en rond, entre les herbes basses, mais que fait-il ? Qu’est-ce qu’il cherche ?
Puis après une quinzaine de minutes, il s’arrête, près d’un arbre, au milieu de nulle part, et rien à l’horizon. On se regarde tous, étonnés, on se dit qu’il doit regarder son GPS.
– « Vous les voyez ?!
– Quoi ?
– Les lions
– Les lions ?!?
– Mais oui, là
– Là ? Mais où ?! À combien de distance, quelle direction ?
– Mais là ! En bas du camion, pas de distance, juste là ! »
On se regarde à nouveau, est-ce qu’il ne se foutrait pas un peu de nos tronches ? On a beau regarder l’horizon, rien, rien de rien.
– « Alors ?
– Ben on voit rien…
– Mais ce n’est pas possible ! Ils sont 4 !
– Quatre !? Mais où bordel ?!
– Regardez les pneus du véhicule, et remonter doucement le regard vers l’arbre »
En penchant la tête vers le pneu, je vois une silhouette bouger légèrement. Elle est juste là, à 2m, sous nos yeux, les herbes en camouflage je me serais fait bouffer comme un bleu, sans rien voir venir. Une lionne aux airs menaçants.

Une fois habituée à notre présence, elle reprend sa routine.

Avec elle, une autre lionne, ainsi que deux mâles, deux frères d’après ce que nous raconte le guide.

Même à cette distance, il est difficile de bien les voir

On essai de faire un bon cliché, et au final, c’est un plan des testicules que je réussi le mieux…

À chaque mouvement du véhicule, les lions se tenaient près, sur la défensive, mais pour être tout à fait franc, se sont les lionnes qui m’ont le plus impressionné, c’est elles qui nous regardaient dans les yeux, sans nous lâcher, pendant plusieurs minutes, une tension dont je me rappellerai pour longtemps.

La photo ci-dessous vous montre la proximité :

C’est l’heure de déjeuner, et contre toute attente, nous avons la possibilité de choisir un menu vegan, oui vous lisez bien, pas juste végétarien, non full vegan. Oh quelle joie de voir ce que le chef nous a préparé !

La joie fût de courte durée… Rien de vegan au menu, ni même de végétarien… Heureusement, nous avions amené quelques encas (j’ai toujours faim !)

En discutant avec le couple (arrivé en dernier à bord), ils m’apprennent qu’ils ont, au contraire de nous, loués pour leur road trip un gros tout-terrain tout équipé :
– « Alors je ne comprends pas ce que vous faites là…
– Ben comme toi !
– Non, moi j’ai un petit véhicule, une citadine, impossible de circuler dans cette reserve
– Ah c’est de ça que tu parles
– Ben oui
– Tu ne peux pas venir pour un jour, dans cette réserve, il te faut absolument dormir ici, au moins une nuit, c’est la règle.
– Et alors ? Vous ne souhaitez pas rester plus ? Car si moi je pouvais, je serais resté au moins 2 ou 3 jours
– Bien sûr que si ! Mais tout est réservé !
– Sérieusement ?!
– Oui ! C’est la folie, il faut réserver 3 mois à l’avance …minimum ! On nous a conseillé 6 mois pour être sûr !
– Wow !
– Et oui l’ami, sinon penses bien qu’on serait venu avec notre propre véhicule »
Et bien, je ne savais pas que c’était si demandé, en plus d’après mes recherches, les prix ne sont pas donnés, je pense qu’ils tiennent à garder une clientèle « de luxe »
Après ce déjeuner où même les chips contenait du lait… Nous reprenons la route, seulement deux heures nous sépare maintenant du retour, images :

Nous arrivons exténués, mais ravis !
Le retour a été bien plus agréable que l’aller, évidemment la température a fait toute la différence.
Je remercie notre guide, qui a été parfait, et demande à voir un manager :
– « Oui, que puis-je faire pour vous ?
– Je reviens du tour Moremi, nous avions commandé 2 menus vegan, mais une fois sur place, absolument rien de végétal. Alors je sais bien que ce n’est pas une demande habituelle, mais c’est vous qui nous l’aviez proposé ! J’aurais amené ma propre nourriture dans le cas contraire
– Attendez je vais voir en cuisine »
Elle me laisse au comptoir un instant, puis revient d’un air dépité
– « Effectivement, nous avons fait une erreur, nous avons inversé deux tours… C’est le tour pour le Delta Okavango qui est parti avec vos menus, vraiment désolé…
– Ah d’accord…
– Comment puis-je me faire pardonner ?
– Écoutez le tour était parfait, je n’ai aucun reproche à faire à part ça. Ce soir, c’est notre dernière nuit sur place, nous dormons dans votre ‘autre’ camping, offrez nous la nuit, et cela nous conviendra parfaitement
– Considérez la chose comme faite
– Oui ?
– Absolument !
– Et bien merci beaucoup, passez une bonne soirée
– Merci à vous »
Pas de menu vegan, mais le camping offert, on ne va pas se plaindre.

De retour dans notre tente, je commence à préparer le repas pendant que Julia prend sa douche. La fille de l’accueil me fait face :
– « On vous demande au téléphone
– Qui ça ? Moi ?!
– Oui
– Mais euh… Je ne connais personne ici
– Non, mais c’est l’autre camping
– Ah. Ils ne sont plus d’accord pour régler la nuit ?
– Si, si, mais la patronne est en colère
– Ah bon ?
– Oui, elle est vegan aussi, et quand ils lui ont dit qu’on ne vous avez pas servit de repas végétal, elle a ordonné que l’on vous appelle
– Ah bon ? Mais pourquoi faire ? C’est bon, ils se sont excusés, en plus ils paient le camping en réparation, tout va bien, je suis satisfait.
– Venez s’il vous plait
– Ok, ok »

Je prends le téléphone, et à l’autre bout du fil, la manager avec laquelle j’avais échangé un peu plus tôt :
– « M. Lacarbona ?
– Oui…
– Euh… Nous sommes vraiment désolé pour l’incident pour votre repas
– Non mais on ne va pas en faire un fromage non plus, c’est bon, tout va bien, vous êtes excusés, je suis très satisfait
– Oui peut-être, mais pas notre patronne
– Ah ?
– Oui, elle tiens à vous inviter dans notre restaurant, il y a des choix vegan, vous prendrez ce que vous voulez
– Mais… Enfin… Ce n’est pas la peine
– Non, non, s’il vous plait, venez !
– Mais je viens de me poser, et je ne tiens pas à conduire de nuit.
– Ce n’est pas loin
– C’est vrai… On va venir à pieds
– Non ! Surtout pas
– Comment ça ?!
– La nuit il y a des hippos qui trainent sur le chemin, ne vous y aventurez pas
– Ah ouais ? Bon ben laissez tomber alors
– Non, non, ma patronne a été catégorique.
– Mais je n’ai pas envie de prendre la voiture
– Pas de problème, on vient vous chercher
– Quoi ?
– Oui, je vous envoi un chauffeur
– Sérieusement ?!
– Bien sûr
– Et il nous ramènera après ?
– Absolument
– Bon ben ok, merci
– Dans 15 minutes, ok ?
– Ok « 
Au retour de sa douche j’annonce la nouvelle à Julia (qui est bien entendu très contente), et nous rentrons quelques minutes plus tard dans la voiture, avec son chauffeur, avec le plus grand étonnement.
Nous commanderons des pizzas vegan (avec faux-mage de cajou), s’était absolument succulent. Jamais j’aurais pu imaginer que je savourerai ma première pizza vegan au milieu du Botswana, comme quoi, dans le vie tout est possible.

Il a fallut tomber sur le seul endroit où la propriétaire était vegan, cela nous a fait rire longtemps.

Dernière nuit à Maun, demain nous reprenons la route pour rejoindre la frontière avec l’Afrique du Sud.

3 réflexions sur « La réserve Moremi »

  1. Salut Sandro,

    Que d’années que je te lis! On approche probablement de la fin du récit. Je me demandais ce que tu deviens. Tu as laissé tombé youtube je pense, 9 mois d’absence.
    Tout va bien pour toi? Toujours en france, parti au Brésil?

    Christophe,

    1. Salut Christophe ! Et merci pour ta fidélité 😉

      Tiens « 9 mois » ? C’est exactement le temps pour faire un bébé ça non ?
      Toujours en France, et pour la suite …on verra 😉

      Amicalement.

  2. Superbe article! Les photos parlent d’elles-mêmes. La prochaine fois il vaudrait peut être réserver à l’avance pour être pleinement satisfait 😉

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