Le marché aux 3000 femmes
Nous voici à nouveau à Silchar (par obligation), car pour aller au Manipur il fallait repasser par l’Assam. Et comme d’habitude seul le sumo peut nous amener à destination, « Moins de 10h de route » nous dit le chauffeur en souriant, super… La route est semée de militaires et de « check point », à chaque fois qu’il y a un pont, on doit descendre de la voiture, montrer patte blanche et traverser à pieds.
À notre premier « contrôle » un officier nous apposa un tampon « Manipur » sur nos passeports, « Montrez bien votre tampon aux prochains arrêts de contrôle », euh, ok… Le truc c’est que personne est au courant de ce tampon, ni la police, ni les militaires, alors à chaque fois qu’on descend du véhicule :
– « Bonjour, vos passeport et permis s’il vous plaît »
– « Euh bonjour, passeports ok, mais permis on n’en a pas »
– « Comment ça ?! Et comment vous êtes rentrés dans cet état alors ? »
– « Mais c’est fini les permis depuis quelques mois, maintenant ils sont obsolètes, mais on a le tampon »
– « Quel tampon ?! Vous devez obtenir un permis pour rentrer au Manipur ! »
– « Non ! Ce n’est plus nécessaire ! Il y a des mois que ce n’est plus nécessaire »
– « Écoutez ça fait des années que je travaille à ce poste, et les étrangers, aussi rares qu’ils sont, ont besoin d’un permis »
– « Oui avant, mais plus aujourd’hui »
– « Non vous êtes dans le faux, aussitôt arrivés à la capitale, allez au poste de police pour faire faire un permis, je ne sais même pas comment vous êtes arrivés jusqu’ici »
– « Mais je vous dit qu’il n’est PAS NÉCESSAIRE DE …. » Hihi m’attrape par le bras et me chuchote : « Dis lui oui, on va pas rester 100 ans à chaque check point ! » bon ok…
– « Oui monsieur, on ira faire le permis promis »
– « Très bien, bienvenus au Manipur ! »
Le truc c’est que cette région est très surveillée, alors on a dû réitérer cette conversation au moins 17 fois…
La route n’était qu’une suite de virages à travers des collines et forêts, jamais rien de plat, pourtant à 15 km de notre point d’arrivé une vallée totalement plate s’ouvre devant nos yeux, au milieu : Imphal (capitale des lieux). Il fait presque nuit, et on doit trouver un endroit pour dormir. Malheureusement tout est complet ! Incroyable, aucun touristes à l’horizon et quand même complet, la raison ? Les touristes Indiens, ou plutôt du gouvernement indien, le Manipur est à promouvoir alors ils envoient des « troupes » d’Indiens tous frais payés pour découvrir la région. Heureusement un patron d’hôtel à pitié de nous et nous offre une chambre déjà réservée :
– « il faudra partir de bonne heure demain, car ils arriverons tôt »
– « Pas de problème merci »
– « Je vous aiderai à trouver quelque chose pour la suite de votre séjour »
– « Merci bien »
Tout ferme très tôt, il y a une sorte de couvre-feu après 19h, plus possible de manger dans la rue, ni faire quoi que ce soit en fait… L’armée est toujours très présente, je développerais les raisons dans un prochain article.
Le lendemain nous trouvons un nouvel hôtel (cher pour ce pays) et nous allons au bureau de police :
– « On nous a dit de passer ici sur la route »
– « Ok, vos passeports »
– « Voilà »
– « Ah mais vous avez le tampon, alors c’est bon »
– « Mais aux check-points ils nous ont dit que ce n’était PAS bon »
– « Oui, mais ils ont tords, aujourd’hui le tampon suffit. Comme vous n’avez pas de guide, je vais quand même prendre vos noms et l’adresse de votre hôtel »
– « Ok, mais ça serait bien de faire passer le message aux militaires, non ? »
– « Bah de toute façon personne ne vient ici sans tour »
– « Euh ben si… Nous »
– « Oui, mais d’un c’est très rare, et de deux ils arrivent par avion »
– « ………… »
– « Voilà, bon séjour »
Marcher au Manipur nous rappelle par certains côtés le Tripura, et par d’autres, le Mizoram. Il y a une sorte de mélange qui fonctionne plutôt bien. La ville a pour centre « Ima Keithel » ou Khwairamband Bazaar ou encore plus communément appelé « le marché aux femmes ». D’après les dires un marché unique au monde, deux édifices contenant plus de 3000 vendeuses en tout genre, pas d’hommes à l’horizon, enfin si côté « client ». On y trouve tout, fruits, légumes, poissons, viandes, repas, vêtements, bijoux, ustensiles, maquillage et bien plus !
Elles sont toujours très souriantes, demandent à voir les photos (assez rare de nos jours…) et ne parlent pas deux mots d’anglais…
Rambo est toujours très présent, d’ailleurs dans la rue les enfants me demandent si je le connais personnellement…
Nous sommes très proche du Myanmar (Birmanie) et l’écriture me fait penser à un mixe birman/hindi
L’étiquette du pantalon ci-dessous m’a fait halluciner… Pour ceux qui ne connaissent pas Value Village (ou Savers), ce sont des magasins pour vêtements usagés, les gens donnent des vêtements dont ils ne se servent plus, Value Village les reconditionne, les revend en tant que « Seconde Main », et une partie des bénéfices est reversée à des organismes à but non lucratifs, bref. Le truc c’est que ces magasins sont au Canada (USA et Australie pour Savers) et de les retrouver ici surprend un peu…
– « Il vient d’où ce pantalon ? » je demande au vendeur
– « C’est un package, j’achète en gros, il faisait partie du lot »
– « Mais tu achètes à qui ? »
– « À des Coréens, ça vient directement de Corée du Sud »
– « ??? »
Qu’est-ce que j’aimerai savoir le chemin qu’il a prit pour arriver jusqu’ici dans le trou du c… de l’Inde et en passant par la Corée !
La deuxième (et dernière…) chose à visiter ici est le Palace de Kangla, qui pour notre plus grand plaisir a des prix pour « locaux » et des prix pour « Étrangers », nous quoi… Bon ce n’est que 10Rs …à la place de 5.
Quoi d’autre ? Ben rien… Pour en avoir le cœur net, nous avons fait le déplacement hors de la ville, car l’office est à 3 kilomètres du centre (logique…), nous avons été accueillit par trois soixantenaires très sympas, qui nous ont avoué ne pas savoir où nous envoyer, car les gens viennent en tour et ont déjà un planning :
– « Oui d’accord, mais par exemple à part le marché et le palace, que voir ou visiter ? »
– « Euh…. Ben… C’est tout… »
– « ???…. Bon et dans le reste du Manipur ? »
– « Ben je ne sais pas trop… »
– « Non mais vous êtes l’office du tourisme ! Vous devez bien savoir quelque chose ?! »
– « …On sait comment aller quelque part »
– « Comment ça quelque part ??? »
– « Oui, vous nous dites où vous voulez aller, et on vous dit quel bus/sumo prendre, et où le prendre »
– « Ah ouais, mais bon si on ne sait pas où aller, ça n’avance pas bien les choses… »
Ils me tendent un dépliant tout neuf sur le Manipur, je montre deux endroits avec le doigt, et ils nous donnent les directions à prendre.
– « Ben merci, ce n’était pas très instructif, mais vous êtes bien aimables »
Ils se mettent à rire, et nous font « au revoir » de la main. Les deux endroits désignés étaient le lac Loktak et la ville d’Ukhrul plus au Nord, ce sont seulement les photos qui ont décidé notre choix.
Moirang (près du lac) n’est qu’à 1h30 de bus, c’est là-bas qu’on passera la journée du lendemain.
Arrivés sur place, pas de lac… Apparemment il faut prendre un rickshaw ou …marcher, bon on a du temps.
Même si le lac fait finalement son apparition, très difficile d’obtenir des informations…
…on aimerai y faire un tour de bateau histoire de voir de plus près leur façon particulière de pêcher.
Mais personne n’a de bateau, et personne ne nous comprends de toutes façons… Mais ils sont toujours très accueillants, et souriants, bon on ne va pas se plaindre. À force de taper aux portes, un hommes nous montre la maison voisine, il nous fait signe d’attendre. Il revient avec un jeune de 16 ans qui parle …couramment anglais ! On lui explique, et il nous dit que des amis à lui peuvent nous amener en bateau, ok let’s go !
Après une demi-heure de recherche pour trouver la « rame », nous voilà sur une petite barque avec pour guide …un gamin de 13 ou 14 ans…
Il veut nous faire une traversée, mais cela ne nous intéresse pas, on veut juste aller voir la femme qui pêche au loin.
– « Vous voulez voir la vieille pêcher ?! »
– « Euh, vieille ou pas, oui… »
– « Mais c’est mieux de traverser le lac ! »
– « Pourquoi faire ? Non on veut juste que tu t’approches d’elle »
– « Ok… »
Arrivant près d’elle, il accroche notre barque à la sienne.
– « Mais pas si près ! Tu vas la déranger là ! »
– « Vous m’avez dit que c’est ici que vous vouliez venir »
– « Oui mais pas SUR elle, à une certaine distance ! »
– « Ne vous inquiétez pas, ça ne la dérange pas »
30 secondes après elle se tourne vers lui pour lui crier quelques mots qui à mon sens voulaient dire « Dégagez de là ! », puisque juste après il nous dit : « Bon ben on doit partir… »
Tu m’étonnes…
Ci-dessous vous pouvez apercevoir les phumdis, des masses circulaires faites à base de végétation et matières organiques, ça flotte ! Ici elles sont petites, elles ont été crées pour la pêche, mais il y en a des plus grandes avec même des maisons dessus…
Ce lac est aussi une grosse (voir la seule) source d’eau douce du coin, il joue donc un rôle important dans l’économie du Manipur, il sert à l’irrigation, à l’approvisionnement d’eau potable et même à créer de l’électricité pour tout le reste de l’état.
De retour à Imphal nous passons au seul restaurant digne de ce nom, et surprise au menu : Macaroni et Burgers ! Assez rare en Inde, alors ici c’est vraiment une grosse surprise !
On se devait d’essayer, juste pour voir.
Bon rien de transcendant, mais le ratio prix/qualité était largement à la hauteur de nos espérances.
Demain nous partons sur Ukhrul, et bien sûr cela se fera en …sumo.
9 réflexions sur « Le marché aux 3000 femmes »
Tu connais pas Rambo perso!! Tu m’etonnes..;-) Marie Laure
Ben je le connaissais, mais j’ai plus son adresse.. 😀
Bise !
Heureusement qu’il y avait ce marché et la mamie sur sa barque pour habiller ton article sinon pas grand
chose à voir dans la région, ceci dit tes images sont très belles et laissent entrevoir une vie locale assez
agréable avec une nourriture abondante , plus de propreté et une touche de bien être pour travestir cette
idée personnelle de l’inde nauséabonde et surpeuplée.
Gros bisous mon p’tit , à plus
Ce n’est pas la région, juste la ville. Mais les gens étaient au top, alors ça nous va 😉
Bise~
Magnifiques couleurs !!! =)
Et bel article photo sur la pêcheuse 😉 😉
Quel pays contrasté que l’Inde TiM
Marjorie
Oui, en Inde il y a de tout, et pour tout le monde ! lol
Encore un article bien intéressant merci ! Quand j’ai vu l’étiquette de Value village ça m’ a fait tout drôle ! C’est notre magasin préféré ici en Alberta haha ! Un ami Canadien qui vit au Honduras m’avait expliqué que les invendus de VV étaient recontionné dans des gros sacs et vendu au poids (1$ le kg) la bas alors peut être qu’ils vendent aussi en Corée etc ….
Bonne continuation !
Oui mais au Honduras ils achètent directement au VV, mais là ? La Corée du Sud ? Ou alors la Corée achète les invendus, et revends ses invendus au Manipur ? Ouha !
Bonne route ~
Superbes photos qui me rappellent mes voyages en Inde : des couleurs, des femmes-princesses aux pieds nus, des odeurs partout et puis surtout, partout autour de toi, quelque chose à regarder, comme un cinéma permanent.