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Le Taj Mahal du Mizoram

Le Taj Mahal du Mizoram

Comme l’Assam ressemble trait pour trait au reste du pays, nous n’avons qu’une envie : Changer de territoire. À peine arrivés à Haflong nous nous précipitons à la gare pour partir au Tripura, seul territoire des 7 sœurs (avec l’Assam) a avoir des lignes de chemin de fer.
– « Nous voudrions partir à Argatala (capitale du Tripura) »
– « Pas possible, c’est plein… »
– « Demain ? »
– « Plein… »
– « Après demain ? »
– « Plein… »
– « La semaine prochaine ? »
– « Plein »
Juste pour voir, je demande :
– « Et le mois prochain ?! »
– « Plein »
– « Non mais c’est un truc de fou ! »
– « Prenez un Sumo, c’est mieux… »
– « On aime le train ! Et en Sumo ça va être plus cher, moins confortable, et il n’y a rien de direct »
– « Oui, bienvenus aux territoires du Nord-Est »
Tant pis, on va rester une ou deux nuits ici, histoire de faire le point. Première chose à faire : Trouver une chambre. Et là, miracle un hôtel propre, pas trop cher, et avec wifi ! Ici ! Il doit y avoir un touriste tout les 10 ans ! (En fait c’était un hôtel qui accueille les groupes en « tour », donc du passage, mais en arrivant nous ne le savions pas).

On nous montre la chambre, avec salle-de-bain, télé, vraiment propre, le tout est situé dans un environnement agréable, avec jardin et plantes diverses, ça change de Guwahati !
– « Il y a des choses à voir ici ? »
– « Le marché… »
– « Cool, et ?
– « …ben c’est tout, après il faut une voiture ou un rickshaw et partir dans les villages »
– « Ça vaut le coup ? »
– « Ici c’est plus une plaque tournante pour partir sur Tripura ou Mizoram »
– « Oui mais le train est plein ! »
– « Oh non, le train d’ici, ce n’est pas possible, allez jusqu’à Silchar en Sumo, de là vous trouverez quelque chose pour votre destination »
– « Merci… »

Les fameuses noix de bétel

Le village n’a rien de vraiment spécial, mais c’est propre (étonnant !) et calme (encore plus étonnant !), le marché est sympa, les gens souriants, un petit restaurant à quatre tables nous accueille pour le déjeuner, pas de menu, mais bon.

Pas de transport en commun non plus, alors deux métiers s’offre à vous : Vendeur au marché, ou chauffeur de rickshaw, et il y en a !

Je me demande s’il y en a pas plus que d’habitants… 30 minutes suffisent pour en faire le tour, mais on va quand même rester une deuxième nuits histoire de profiter du calme.
Le soir venu nous « commandons » notre diner à l’hôtel (tout est fermé au village), et une fois à table les groupes (entre 2 et 5 personnes) apparaissent, surtout des groupes d’Indiens, mais aussi Européens, ils ont tous un guide, et nous regardent du coin de l’oeil. Une femme aisée d’une cinquantaine d’année (Indienne) s’approche de notre table :
– « Bonsoir, où est votre guide ? »
– « Bonsoir, on en a pas… »
– « Mais… Comment vous faites ? Il n’y a pas de transport, et pas d’informations, sur rien ici »
– « Oui, ben on galère un peu, mais on a un avantage sur vous »
– « Lequel ? »
– « On a du temps »
– « Oh, mais nous avons 10 jours entiers ! »
– « Nous avons 3 mois, et plus si nécessaire »
– « Ah oui… Ben bon courage »
– « Merci ! Je pense qu’il nous en faudra ! »
Plus tard c’est un Danois qui s’approche :
– « Vous voyagez seuls ? »
– « Oui »
– « Enfin ! »
– « ??? »
– « Je croyais être le seul… »
– « Ah vous voyagez seul aussi ? »
– « Oui depuis un mois, un vrai calvaire… »
– « Comment ça ? »
– « Il est très difficile d’avoir des informations ici, et les transports ! Ils me tuent ! »
– « Vous êtes allé où ? »
– « Au Tripuram et au Mizoram, où voulez-vous aller ? »
– « Partout »
– « Comment ça partout ? »
– « Ben les 7 états quoi »
– « Mais vous êtes fous ! Moi je rentre ! Deux états ont suffit, je suis lessivé… »
– « Ah ? Mais on va quand même essayer… »
– « Ben bonne chance »
Ouha, mais où on est là ?! Les gens nous souhaite « bonne chance » ou « bon courage », c’est si terrible ?
C’est reparti pour le sumo, nous arrivons vers 11h00 à Silchar grosse ville du Sud de l’Assam, et là nous retrouvons « l’ambiance indienne », sale, bruyant, bondé… Il faut partir ! Partir vite !
– « Est-ce-qu’il est possible d’aller en train à Argatala (Tripuram) ? »
– « Oui »
– « Ok, où est la gare ? »
– « Pas de gare ici »
– « ………….. ben alors ce n’est pas possible ! »
– « Si, il faut juste aller à la ville d’après »
– « Comment ? »
– « En bus »
– « Quel bus ? »
– « Ce bus ne marche pas aujourd’hui »
– « Quoi ?! Pourquoi? »
– « On est en plein élection, il a été réquisitionné par les parties »
– « Je rêve, réveillez-moi ! »
– « Désolé… »
On ne veut vraiment pas rester ici, alors si on changeait de destination ?
– « Et pour partir au Mizoram, c’est possible ? »
– « Oui, il y a des sumos pour ça »
– « Encore ! »
– « Ça mettra dans les 7h d’arriver à la capitale : Aizawl »
Bon de toute façon hors de question de rester ici, alors allons au Mizoram !
Certes il faut 7 heures pour arriver à destination, mais 2h suffisent pour passer la frontière du Mizoram, et je peux vous dire que cela se voit ! Les paysages sont différents, nous traversons de hautes collines, des forêts, des jungles mêmes, puis les gens… Ils sont polis, étrangement polis… Et ils ressemblent plus à des Asiatiques qu’à des Indiens, plus clairs de peau aussi.
Nous arrivons de nuit, un des passager nous aide à trouver une chambre :
– « Mais tu n’as pas à nous aider »
– « C’est un plaisir, vous êtes étrangers, vous ne connaissez personne ici, c’est la moindre des choses »
On a tellement l’habitude de se faire « enfler » dans ce pays qu’il est difficile de ne pas être suspicieux, pourtant non. Dès que la chambre est trouvée, il nous sert la main et nous laisse avec un « Bienvenus au Mizoram » puis disparait dans les ombres de la ville.
Le jour venu, cela nous fait étrangement rappeler Darjeeling (avec la vue sur le Kangchengjunga en moins) tout en hauteur, avec des petites rues qui descendent, qui montent, mais jamais au niveau. Les maisons ont l’air d’avoir poussé sur les collines,

Étendoirs à chaussettes : Les cactus !

la seule grosse différence ce sont les églises… Il y en a partout. Ici la majorité est largement Chrétienne (essentiellement protestante), et personne ne manque la messe du dimanche (je devrais dire LES messes, il y en a trois…).

Une salle pour chaque tranche d’âge

Et personne ne travaille le dimanche, PER-SONNE, les rues sont vides, impossible d’aller quelques part, pas de taxi, et même pas de Sumos. La seule façon de manger, c’est dans votre hôtel… Incroyable.

Le Nord-Est de l’Inde est (ou était) peuplé de tribus diverses, avec des croyances diverses, pas de religion forte. L’Hindouisme n’a étrangement pas fait son chemin jusqu’ici, ce sont des missionnaires anglais en fin du 19ème siècle (puis américains aujourd’hui) qui on amené « l’église » dans ce coin de la planète. Et aujourd’hui l’état du Mizoram pourrait contenir le plus haut pourcentage de Chrétien au monde (87%).
Il n’y a pas de mendicité ici (contrairement à l’Inde de l’Ouest où la misère est entretenue comme une « tradition »), les gens sont toujours accueillants, souriants, et éduqués ! Près de 90% de la population est alphabétisée, ce qui le classe au second rangs de tous les états indiens (après le Kerala), c’est vraiment une agréable surprise pour nous.

En revanche pour le tourisme… Toujours difficile d’avoir des informations… Même l’office du tourisme est à 12 kilomètres du centre, et personne n’est capable de nous donner une adresse exacte, où nous confirmer qu’il existe toujours…
Mais une Mizo que l’on a rencontré près de la grosse église nous dit d’aller voir le « Monument of Love », un bâtiment construit par un homme, pour sa femme qu’il a perdu dans un accident de voiture/scooter. Elle nous le décrit comme le Taj Mahal du Mizoram. Bon alors voir ça…

Ça n’a pas été facile à trouver, c’est en dehors de la ville. Mais avec persévérance… Alors je vous le dis de suite, c’est très loin d’être le Taj Mahal ! Puis l’édifice est chrétien (of course), avec une grosse croix en son sommet.

C’est spécial… Mais surtout un peu glauque… Après avoir perdu son être cher, cet homme a voulu « laisser une trace » de son amour, le truc c’est qu’il y a des photos d’elle partout, avec sa garde robe, et même les vêtements ET chaussures qu’elle portait le jour de l’accident…

Même si je ne peux pas juger, il aurait été préférable de construire une école, ou un orphelinat en son nom avec tout cet argent, l’hommage aurait toujours été présent, et surtout ça aurait été plus utile…
C’est très rarement visité, seuls quelques jeunes couples (Mizos) font le déplacement, alors la bâtisse se détériore, la fontaine n’a plus d’eau, et les murs se fissures… Bon, la vue est sympa.

Il est temps de quitter la ville, allons voir ce que cet état à nous offrir, hors capitale, allons faire un tour dans les villages environnants, et pour se faire, encore une fois, l’unique et seule solution : le Sumo…

8 réflexions sur « Le Taj Mahal du Mizoram »

  1. Hello, je savoure toujours autant tes articles, je me suis toujours demande si une jour tu publiras quelque chose, un genre de recapitulatif de tes aventures, ton experience….une philosophie de vie, de voir le monde tel qu’ il est et non pas a travers les images qu’ on nous donne a travers les medias

    1. Salut Cathy,

      J’espère un jour oui, de retour en France peut-être. Car c’est en fait le plus important, les expériences et qu’est-ce que ça a changé sur nos personnalité et vie. Mais cela prend plus de temps aussi, je pense qu’il faut arrêter de voyager (un peu du moins) et ne pas avoir la tête ailleurs pour pouvoir bien parler du voyage et de ses effets secondaires.

      Bise copine~

  2. Il en faut de la patience pour aller se frotter à ces régions du globe ou rien n’est comme ailleurs, avec des règles surprenantes et même un peu cocasses à lire derrière son écran mais
    certainement moins plaisantes à vivre en live, après il faut admettre que c’est le but du
    jeux de la découverte des ces pays et qu’il est difficile d’accepter de renoncer à quelques encablures de la région convoitée, ceci étant le lieu me parait un peu moins contaminé et
    crasseux que celui de ton précédent reportage mais ce n’est peu être qu’une impression.

    Fini la civilisation aseptisée avec son lot de fast food ,de ripailles et autres tablées gargantuesques et retour à la simplicité avec une alimentation utile aux parfums ancestraux.
    J’espère que la suite de ce périple en Indes vous aura été plus facile et plus favorable
    à vivre et que vous avez ramener de bons souvenirs des 7 frangines.

    Bon courage , bon vent et plein de gros bisous

  3. Hello Sandro,
    En effet, ce Taj Mahal n’a rien à envier à son grand frère ! =/
    Je ne suis a priori pas attirée par l’Inde, qui me semble bien sale et bruyante, et source possible de problèmes intestinaux, ma hantise Oo
    Mais beaucoup de monde de ma connaissance y va (je ne parle pas de toi), comme un « must », alors je me dis qu’il doit y avoir effectivement quelque chose…
    Vivement la suite, quelle épopée ! AiE
    Marjorie

    1. Il y a plus que quelque chose, c’est un autre monde. Mais c’est sûr, ce n’est pas une destination aisée, et si tu parts du mauvais pied, l’Inde te le rendra en plein figure… 😉

      A+

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