Presque en Afrique
Cet article a déjà été publié au moment des faits sur la Page Facebook du blog, en plus de le partager à ceux qui ne l’avaient pas encore lu, il servira aussi d’article de transition entre le continent sud américain et africain.
Aujourd’hui cela devait être un jour spécial, une journée que j’attends depuis un moment maintenant, tout était programmé, les billets d’avions, le bus de Rio à São Paulo (cette dernière offre des tarifs plus intéressants pour l’international) et même les premières nuits sur place (non remboursables), ce qui est rare dans cette aventure. Mais là c’était un grand pas, un continent encore inconnu pour ma part, il fallait assurer, histoire de ne pas se retrouver dans une situation bancale.
6 heures nous séparait de l’aéroport, enfin, théoriquement. Mais il en a fallut 7 pour rejoindre le terminal de …bus, il restait toujours une énorme distance à parcourir pour atteindre l’embarcadère, 25km pour être exact. Le métro vous emmène à mi-chemin, ensuite il faut prendre un bus, tout s’enchaine, mais le temps lui, ne s’arrête pas, il continue sa course folle, sans limite, et sans pause.
Alors je regardais ma montre, souvent. Vais-je rater ce rendez-vous ? Cela serait une première en presque dix ans de vadrouille. Je peux enfin apercevoir l’aéroport, le bus s’arrête d’abord au « Terminal 1 », mais il ne m’intéresse pas, c’est le 2 dont je rêve. Encore quelques kilomètres, j’y suis ! Est-il trop tard ?
Je cours, tourne la tête dans tous les sens, la manœuvre consiste à avancer et à prendre des informations en même temps, où est ce pu… de comptoir ?!
Pourtant pas besoin de s’énerver, cela n’a pas grand intérêt, et surtout, cela ne va certainement pas accélérer les choses. D’ailleurs le voilà.
Les sacs au sol, je glisse mon passeport sur le comptoir, il n’est pas trop tard. Ouf.
C’est bon, il tape mon nom sur l’ordinateur, nous sommes bien sur la liste, quel soulagement.
Pourtant cette « joie » ne sera que de courte durée. Il me demande si j’ai le vaccin de la fièvre jaune, c’est le cas, mais… Cela dure 10 ans, et la mienne a 10 ans et …deux mois. Alors je lui explique que ce n’est pas un problème, maintenant ils font des vaccins sur place, à l’arrivé, dans l’aéroport.
Il me confirme mes dires, mais rajoute que le Brésil fait partie des pays à risque, il faut avoir une injection au moins 10 jours avant le vol, c’est la règle dans cette liste de pays. Je serais parti de France ou du Canada, pas de problème, mais là, « cela ne va pas être possible » me dit-il.
Si près du but, je ne baisse pas les bras, je bataille, argumente, tape des pieds, même des mains. Le temps passe, et rien n’y fait.
L’heure du décollage arrive ……………..et je reste au sol, dépité.
Les bras tombants, je suis un peu perdu. Dormir à l’aéroport n’est pas un problème, j’ai l’habitude. Mais demain ?
Va-t-on me proposer un autre vol ? Rien n’est moins sûr, on m’a signalé que « les documents à fournir sont MA responsabilité », j’ai mis des semaines à trouver un vol à ce prix, et maintenant je vais perdre, et l’opportunité, et le prix du billet ? Et si je fais l’injection, il va falloir attendre au moins 10 jours sur place avant de pouvoir repartir ?
L’aventure Afrique ne commence pas comme prévu, mais alors pas du tout. Est-ce un signe ? Ou juste un autre défi de la vie ? Joueuse comme elle est, cela serait bien plausible. Se résigner, ou s’avouer vaincu n’est pas au programme, mais là, c’est quand même un bel uppercut au foie.
Vue d’un certain angle, la vie n’est qu’une suite de claques, comme un test de fatigue, elle vous nargue, vous cogne, vous épuise, à vous de résister, d’encaisser, de continuer à avancer.
Demain est un autre jour, demain d’autre embuches et combats se présenteront, mais je vais les relever, pas question de rester à terre.
Voilà le texte sur Facebook s’arrêtait là. Alors que s’est-il passé après ?
C’est simple, nous avons fait chemin inverse (après avoir dormit une nuit à l’aéroport) impossible de faire autrement, il fallait faire le vaccin …avant, bien avant. Alors dès notre retour, rendez-vous à l’hôpital, qui nous a fait ça le jour même et gratuitement. Puis en attendant les 10 jours minimum, nous avons dû renégocier les billets d’avion, à force de bataille nous parvenons à deal, nous perdrons 200$ chacun pour le coup …je suis ravis.
Entre temps la mère de Julia avait déjà loué sa chambre, donc on dû prendre un autre AirBnB dans le même quartier, un comble !
Au final les 10 jours sont vites passés, et nous re-voilà dans le bus pour São Paulo, nous arrivons à l’aéroport pile poil à l’heure, jusqu’à là tout va bien. Nos carnets de vaccination sont en règle, pas de problème.
– « Votre billet de retour ? »
– « Nous ne revenons pas »
– « Ah, ok alors le billet de votre prochaine destination »
– « On va passer de pays en pays par voie terrestre »
– « Il me faut un billet de départ »
– « Je vous dis que nous allons quitter le pays par voie terrestre ! Qui plus est, nous n’avons aucune idée du temps sur place, cela peut durer 1 mois, comme 3. Donc impossible de prévoir un billet de départ »
– « Désolé, mais sans billet de départ je ne peux pas vous laisser embarquer »
Mais j’hallucine !!! Cela ne va jamais finir !
Je laisse Julia au comptoir, qui peut argumenter dans sa langue, et j’ouvre mon ordinateur à la recherche de billets remboursables. Après quelques stressantes recherches je tombe sur des vols Johannesburg-Paris modifiables, je « book » pour dans quatre mois puis attends patiemment l’email de confirmation.
Le voilà ! Je cours au comptoir, l’ordinateur à la main, montre le numéro de vol et nous sommes acceptés …enfin !
Nous volerons avec Ethiopian Airline, donc avec un transit (de nuit) à la capitale Addis Abeba. Nous nous étions préparé à passer une nouvelle nuit dans un aéroport, mais…
– « Vol transit ? »
– « Euh oui »
– « Attendez là »
– « Pourquoi faire ? Notre prochain vol est dans plus de 8h »
– « Quelqu’un va vous recevoir »
– « Me recevoir ?! Pourquoi faire ? »
– « Pour vous donner un hôtel »
– « Me ‘donner’ un hôtel ?! Je ne comprends pas, nous restons sur place, nous n’avons pas le budget pour prendre un hôtel maintenant »
– « Ah mais non, c’est inclus avec votre billet »
– « Inclus ?! »
– « Oui, vous avez plus de 6h d’attente, donc on vous fournit le transfère à l’hôtel, la chambre, le diner et le petit-déjeuner »
– « Wow… Ben merci… »
Une première en presque 10 ans de voyage ! La chambre était magnifique, un 5 étoiles (du pays) super repas, super petit-déjeuner, une nuit haut de gamme pour une première fois en Afrique Noire.
Malgré cette agréable surprise, ma plus grande joie est juste le fait d’être là, enfin, nous y sommes.
Un nouveau continent à découvrir, un autre monde s’ouvre à moi, je suis comme un enfant dans un magasin de bonbons, par lequel vais-je commencer ?
4 réflexions sur « Presque en Afrique »
Et un autre comble! Cette année (du aux pénuries du vaccin) ils ont fait des »études » et il est maintenant considéré bon à vie!!! C’est ce que j’ai eu comme réponse l’an dernier lors des renouvellements des vaccins nécessaires.
Je sais, ça change tous les jours !!!
Si tu pars du Canada pour l’Afrique, vous n’aurez surement pas de problème. Mais si comme moi tu pars d’un pays qui peut être contaminé …croise les doigts 😉
depart pas facile on dirait…mais une nouvelle aventure commence..on attend la suite avec impatience!
La suite est en ligne copine !