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Une journée dans la cerise

Une journée dans la cerise

Nous sommes tous là, prêt à démarrer cette première journée, je suis vraiment curieux de savoir ce qui se passe derrière ces portes. Mais plutôt que vous raconter ce premier jour, je vais vous détailler une journée typique, une journée dans la cerise.

Vers 5 ou 6h du matin, les premiers à se lever sont les cueilleurs, ils doivent aller vite, car dans la cerise tout va vite, mais aussi parce-qu’ils sont payés au seau. Pour se faire, le plus important est de préserver le fruit, pas question de tout arracher « à la va vite », il faut y aller juste du bout des doigts, délicatement, sans détacher le pédoncule et sans les laisser s’écraser au fond du récipient. Le tout en jouant les équilibristes sur des échelle en aluminium. Certains, ont des années de pratique derrière eux, et ça se voit, de vrais machines à déplumer !

Du matin au soir l’ombre de rapaces dressés flotte au sol, ils veillent au grain, ou plutôt à la cerise, pas question de laisser les oiseaux prendre leur repas sur ces terres.

Les seaux métalliques remplissent des grosses caisses de bois qui sont ramenées au « cluster-buster » par tracteur ou par camionnette,  cluster-buster quezaco ?

C’est une grosse machine qui a pour fonction de séparer les pédoncules, littéralement « l’éclateur de grappe », afin d’individualiser chaque cerise.
Puis elles sont mises à nouveau dans des seaux, mais en plastique cette fois-ci et envoyées directement au premier frigo à 10℃,

elles restent là qu’un court moment, en attente de passer à la salle de triage.

Le trie est une autre grosse étape, cette équipe commencent vers 9h, ils leur faut de bons yeux, et une sacrée dose de patience, pendant 7 à 9h il vont trier les cerises à la main selon trois catégories :
– Les cerises pour l’exportation, les plus parfaites.
– Les cerises qui restent sur le territoire, juste un petit défaut.
– Les invendables = poubelle
Les cerises sont triées, puis (re)vérifiées par un « contrôleur ».

Là aussi, certaine personne se transforment en vraies machines à trier,

ils peuvent passer 250 seaux en une seule journée, je sais que cela ne doit pas vous parler « 250 seaux », mais disons que pendant le même temps d’autres font 80 ou 100 seaux et c’est déjà bien, à  mon premier essai par exemple, j’en ai fait moins de 50…

Une fois triées, elles passent au toboggan qui les emmène dans une eau proche de 0℃ afin de leur donner une plus longue vie, puis une à une (voilà le « pourquoi » du cluster-buster) elle vont passer à travers une sorte d’appareil photo, qui va prendre entre 7 et 9 clichés par seconde pour en définir la taille, et selon elle sera envoyé dans le tube correspondant.
En parlant de taille, j’étais surpris de voir que plus les cerises étaient grosse, moins le chiffre pour les définir était grand. Quelque soit la mesure utilisé, le chiffre devrait augmenter avec la taille, logique. Sauf que non, dans le temps les cerises étaient mises dans des boîtes de bois, ces boîtes avaient toutes exactement la même taille, le chiffre ne correspond pas à une « mesure » mais au nombre de cerises capable de rentrer dans la boîte, donc plus elle sont grosses moins il en rentre. Par exemple une taille de 11 (petite cerise), veut dire qu’il y rentre 11 cerises, et une taille de 7 (grosses cerise !) veut dire qu’il n’en rentre que 7, même si ces boîtes n’existent plus, ils ont gardé cette manière de les qualifier.

Puis doucement, elles arrivent dans les boîtes sur des tapis roulant (où elle reçoivent une dernière vérification),

« emballé c’est pesé », et hop au frigo à 0℃ en attendant (24h max.) d’être envoyer par camion à travers le monde.

Plus d’une centaine de personnes sont nécessaire au bon fonctionnement du verger en saison, il y a une autre équipe que je n’ai pas cité, c’est les plieurs de boîtes, ben oui sans boîtes pas de livraison.

Là aussi ils commencent très tôt, il faut enchaîner des centaines, parfois des milliers de boîtes, d’ailleurs souvent on peut faire quelques heures sup. avec ça, et je ne m’en prive pas.

Puis on nettoie, pour repartir de plus belle le lendemain

Mais quelque chose ne va pas, mon poignet droit me fait de plus plus en plus mal, et je ne sais pas pourquoi, ça vient de commencer, ça ne peut pas être une tendinite… Le pire c’est que je ne suis pas le seul, après une petite semaine, nous sommes déjà 3 à avoir ces douleurs, certains portent même déjà des attelles, mais le mystère reste entier, pourquoi ?
Un peu dépité, je m’en vais voir le manager :
– « Désolé je ne peux plus faire de boîte, fini les heures supplémentaires »
– « Ce n’est pas grave »
– « Si c’est grave, je t’ai bassinais chaque jour pour pouvoir travailler plus, et maintenant je ne peux plus… Le pire c’est que je ne sais pas d’où ça vient »
– « Ce n’est pas grave, reposes ton bras »
– « ………… Ça me gonfle tellement ! »
– « T’inquiètes, j’ai un autre projet pour te faire faire d’autres heures supplémentaire. »
– « ??? »

20 réflexions sur « Une journée dans la cerise »

  1. Faut du talent pour rendre la cueillette des cerises passionnantes…
    Et c’est passionnant ! Les photos sont splendides, as usaul.

    Merci encore pour ces reportages.

    Fred

  2. Très bon reportage. Cela donne envie de manger des cerises. Ce n’est pas pour demain en France.

    Et fait gaffe quand ton manager te propose de faire des heures sup en dehors de l’atelier, cela sent le droit de cuissage….joke.

  3. J’ai déjà travaillé comme ramasseur de cerises mais c’était en France, et beaucoup plus artisanal! D’ailleurs on ne jetait rien, les cerises les moins jolies partaient en coopérative pour faire de la confiture!

    1. Ben là on ne jette presque rien non plus, les cerises « poubelle » sont misent à l’extérieur dans une grande benne où les clients viennent piocher leur cerises pour moins cher ;)

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