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Premiers pas au camp

Premiers pas au camp

L’hiver 2011/2012 n’est pas si rude que prévu, pour moi c’est terriblement froid, mais pour les habitants d’Alberta « l’hiver est doux »… Je pensais me remettre en selle pour trouver un boulot de « roughneck » mais à cause de cette météo trop clémente l’hiver sera raccourcit, et la saison sur les « rigs » à pétrole aussi…
Je parle à Hihi (par téléphone) de ma démission, elle me dit de tenter de travailler dans un camp comme elle, cela ne me dit pas trop, surtout que tout les camps ne se valent pas, certains paye au « lance pierre »… Elle me dit d’essayer, que je ne rien à perdre, et qu’en cas d’acceptation je devais demander à être envoyer dans un camp « union », union pour simplifier (énormément) la chose, c’est un peu comme un camp syndiqué, les salariés sont mieux protégés et les salaires plus élevés. Bon, elle m’a convaincu, j’essaye.
Je laisse mon CV dans cinq grosses compagnies, qui compte chacune des centaines, voire des milliers de camps à travers le pays (et parfois à travers le monde). En déposant mon dernier CV, la secrétaire me regarde avec un ton suffisant et me balance :
– « Vous savez, on reçoit 150 cv par jour, alors ne vous attendez pas à grand chose… »
– « Ce n’est pas grave, je tente quand même. »
Pourtant c’est cette compagnie qui me contactera, et seulement 3 heures plus tard ! Qui plus est, ce sont ces mêmes camps qui ont engagé HIhi il y a quelques mois.
Je passe une interview sobre (et vite fait), et on m’engage dans la foulée.
Nous sommes plusieurs dans la salle à avoir été retenus, nous allons tous être envoyés sur différents sites dans les jours qui viennent. Le « big » chef de tout les camps en Alberta est là, il a besoin de trois gars pour une soirée spécial qui se déroule demain à Calgary (3h30 plus au Sud). Il nous regarde tous un par un, pointe son doigt sur moi :
– « Tu peux venir avec moi demain ? »
– « Euh… Mais on ne va pas nous envoyer en camp ? »
– « Pas tout de suite, c’est le week-end, plutôt que d’attendre lundi, tu peux commencer à faire de l’argent dès demain »
– « Bon ok, mais je devrais faire quoi exactement ? »
– « T’inquiètes pas pour ça, je suis là pour te guider, tu viens ou pas ? »
– « Ok, on se retrouve là-bas ? »
– « Là-bas ? À Calgary ?! Non, tu viens ici demain matin 7h00 et nous prendrons un véhicule officiel pour s’y rendre »
– « Pas de problème, à demain »
Trois minutes après on m’amène un contrat pour cette fameuse soirée, qui stipule que nous serions payé 200$ pour la journée, plus logement. On va dormir là-bas ?
Ça se fait un peu « à la vite fait », je n’ai pas trop le temps de réfléchir sur le coup, mais le soir à tête reposé, je me demande si c’était une bonne idée de dire oui si vite…

Vue sur les montagnes sur Calgary

Le lendemain nous arrivons sur les lieux en fin de matinée, on vide le camion de toute la nourriture, installons les friteuses et… c’est tout ! On va passer 5h à rien faire… Vers 18h00 il est temps de cuisiner un peu, je précise « un peu », car les deux chefs s’occupe de rôtir de gros morceaux de boeuf d’un côté, et moi qui suit sur les friteuse de l’autre, rien que des trucs congeler à frire… Trop balaise comme cuisine… Moi qui ne savais pas à quoi m’attendre, je sais maintenant que j’étais hautement qualifié (sarcasme).
Nous remballons tout dans le camion vers 22h00, total d’heures travaillée : 5. Moi je dis 5h pour 200$, j’ai bien fait de ne pas trop réfléchir !
– « Bon nous allons à l’hôtel maintenant, tout le monde en voiture ! »
Et là nous arrivons dans un Casino/Hotel, la grande classe, on a tous une chambre individuel, j’hallucine :

Il y a un total de 8 serviettes, au cas où je voudrais prendre 6 ou 7 douches, et dans le placard un fer à repasser, au cas où j’aurais un faux plis pendant la nuit…
Le lendemain, nous voilà tous à nouveau en voiture en direction d’Edmonton. Mon collègue me chuchote à l’oreille :
– « C’est 200$/j, aujourd’hui c’est une nouvelle journée, soit 400$ ! »
– « Non mais ça ne compte pas ! C’est juste pour revenir, on ne travaille même pas… »
– « Ce qui est dans le contrat, est dans le contrat »
Septique, je demande au chef qui me réponds simplement par un : « Nous sommes payés pour deux journées »
Ouha une chambre de luxe plus 400$ pour avoir travaillé 5h ! Trop heureux d’avoir dit oui.
De retour à Edmonton, je demande à voir le recruteur :
– « Je sais que vous allez nous contacter pour nous envoyer dans les camps, mais je voudrais préciser que je souhaiterai travailler dans un camp sous union »
– « Je n’ai pas de place de cuisinier en camp sous union »
– « Ok… Qu’est-ce que vous avez ? »
– « Vous voulez faire la plonge ? »
– « Pas spécialement… Mais combien ça paye ? »
– « En camp sous union c’est du 20$/h, puis 30$/h en heure supplémentaire »
– « Entre 20 et 30$ de l’heure pour faire la plonge ?! »
– « Oui… »
– « Je signe où ? »
On me donne un billet de bus pour un ville appelée Anzac, je pars lundi soir.
Toujours par téléphone je fais part des dernières nouvelles à Hihi, elle n’est pas en camp en ce moment, mais en repos (ou presque) au Groenland pour une publicité taïwanaise (voir ici) :
– « D’après les renseignement que tu me donnes ton camps ne devrait pas être trop loin du mien, 1h de route maximum »
– « Cool comme ça on pourra se voir avec la voiture »
– « Ah, oui peut-être. Je rentre dans 2 semaines, d’ici là tu en seras plus sur la vie en camp »
– « Ok, A+ »
Il est 6h00 du matin, il neige, il fait froid, et je suis au milieu de nulle part ! Un gars viens me chercher :
– « Ben t’es qui ? »
– « Comment ça je suis qui ? Je suis le nouvel arrivant ! »
– « Mais j’attendais un femme… »
– « Une femme ? Ben non, désolé, c’est bel et bien un homme que tu as devant toi… »
– « Sandra ? »
– « Sandro ! »
– « Ah ouais, j’ai mal lu… »
Ça commençait bien… D’entrée on me présente le chef du camp, mon boss quoi, qui me dit :
– « Ça va ? »
– « Oui… »
– « Tu as bien dormi ? »
– « Euh… pas trop dans le bus… c’est pas top »
– « Ok je comprends, va te reposer dans ta chambre »
– « Ah mais non, c’est bon ! Je peux travailler maintenant, pas de problème ! »
– « Mais il n’y a aucun problème, tu vas travailler, mais plus tard. Reviens dans 3 ou 4 heures »
– « Ok… »

J’en profite pour faire connaissance avec les lieux, il a tout ici, salle de gym, nourriture illimitée,

salle de détente, salle télé, ordinateurs, et tout a été importé sur camion, comme ça, au milieu de rien, incroyable.

Chaque « maison » comporte 48 chambres,

et toutes contiennent réfrigérateur, écran plat et lecteur DVD, bon ok je ne regarde pas la télévision, et je n’ai pas de DVD avec moi, mais cela méritait d’être signalé.

Plus tard, vers midi en fait, j’ai commencé à travailler, je pensais que tout allait se faire à la main, mais en fait une machine est là pour faire le sale boulot. Ce n’est pas le meilleur job du monde mais pour ce prix là, ça me convient très bien. Surtout nourrit, logé et au chaud !
Le soir venu, mon premier dîner au camp : T-bone et homard ! Ouha !


Bon je vous rassure, ça n’est pratiquement plus arrivé… Mais pour une première fois, ça marque.
Ce camp ressemble trait pour trait à celui que Hihi me décrivait, mais après tout, ces endroits doivent tous se ressembler un peu.
Mais en parlant avec les employés :
– « Alors t’es Français ? »
– « Ouep »
– « On en voit pas souvent ici »
– « Et bien voilà ! »
– « Ça fera deux étrangers sur camp, maintenant »
– « Deux ? »
– « Oui, il y a aussi un petite Taïwanaise, très mignonne, qui est arrivé il y a quelques mois »
– « Une Taïwanaise ?! »
– « Ben oui, quoi ? »
– « Et elle s’appelle comment ? »
– « Toby… »
Ah ben ça alors ! Avec les milliers de camps que compte le Canada, il fallut que je tombe sur celui de Hihi.
J’en connais une qui va être surprise en revenant…

28 réflexions sur « Premiers pas au camp »

  1. Vraiment! Belle histoire Sandro, captivante d’un bout à l’autre. C’est vrai qu’au Canada, ces emplois sont plutôt bien rémunérés. Et c’est plutôt rare qu’ils lésinent sur la quantité de la bouffe. Ils savent très qu’un employé bien nourri est un employé heureux! Mais homards et T-Bone, c’est top pour une première! A+

    1. Aaaah le riz je connais bien…
      -Aujourd’hui riz
      -Et demain ?
      -Riz
      -Au petit déjeuner ?
      -Riz
      -Diner ?
      -Riz
      -Et sinon vous avez des pâtes ?
      -Oui, des pâtes de …riz ==

  2. slt sandro tu ne me connais pas mais je suis un tres bon ami de marc de bandol, marc ma souvent parler de toi et toutes tes aventures a travers la planete voila il viens de m envoyer ton blog et je vois que tu te trouve au canada je vie actuelement aussi au canada pour le boulot je suis a winnipeg (manitoba) si lors de ton periple tu doit passer par ici n hesite pas une seconde tu peu me contacter on ne sais jamais je te mets mes coordonnes 204 504 6998 OU PAR MAIL luna.thierry@hotmail.fr bon courrage pour la suite de ton aventure amicalement
    thierry

    1. Salut Thierry,

      je connais plusieurs Marc à Bandol, c’est lequel ? Sinon je ne suis plus au Canada en ce moment (mais j’y retourne !) les articles sur le blog ont toujours un léger différé avec la réalité, nous sommes en pleins Road Trip USA.
      Merci pour l’invite, je passerai peut-être par Winnipeg en Novembre, je te contacte si cela se fait, A+

  3. Sandro, depuis que j’ai découvert ton Blog, je suis halluciné par ta façon de raconter tes aventures, je frissonnai rien qu’a l’idée de t’imaginer dans le froid Canadien.C’est la première fois que je te laisse un commentaire, mais je voulais te féliciter pour ton courage et pour le don que tu as de partager tel un romancier, ton périple autour du monde GRAND MERCI HeArT

  4. En voilà une belle histoire qu’elle est bien racontée on s’y croirait presque comme dans les beaux films d’aventures ou c’est toujours le « gentil » qui gagne sauf que là c’est la réalité des choses et qu’on à pas envie d’arrêter la lecture ,trop captivé par ton super récit.
    La vie et ses hasards sont parfois surprenants et dans ce cas précis on ne peut que les remercier.

    Gros bisous à tous les deux bye ,bye à plus

  5. Excellent Sandro et quelle conclusion! On s’y croirait. Ce qui m’épate, c’est ton côté très zen et « anything-goes » face aux évènements. ET je ne connaissast pas du tout ces emplois dans des « camps ». C’est lié aux activités pétrolières de l’Alberta?

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