Enfin en Arunachal Pradesh
Nous quittons le Nagaland pour retourner en Assam, et plus précisément dans la ville de Dibrugarh. Il n’a pas grand chose à voir là-bas, alors pourquoi y aller ? Pour ce pu… de permis pour l’Arunachal Pradesh de mer… ! Oui, je m’énerve, mais si vous saviez…
Depuis nos premiers pas aux sept sœurs nous n’avons jamais arrêté de nous battre, mais seulement par téléphone. Nous avons compté que j’avais appelé plus de 75 numéro de téléphone différents, 75 ! Des numéros que j’ai trouvé sur le net, car personne pour nous renseigner ici. Les numéros étaient pour la plupart erronés, ou les personnes incompétentes, nous avons pourtant eu plusieurs commissionnaires de cet état au bout du fil, mais rien, une lutte sans fin… Sauf qu’à Dibrugarh il y a un commissionnaire de l’Arunachal Pradesh et en chair et en os ! Voilà le « pourquoi » de notre venu. Afin de mettre toutes les chances de notre côté Hihi appelle l’ambassade de Taïwan à New Delhi, elle leur explique le problème, qu’on ne veut pas d’elle dans cet état car les Chinois et les Taïwanais sont mit dans le même sac. Elle tombe sur quelqu’un d’important qui décide de lui faire parvenir par email un document officiel qui prouve l’indépendance de Taïwan avec la Chine.
Avec ce papier en main nous partons, les nerfs à vif, au bureau du commissionnaire.
– « Non mais désolé vous ne pouvez pas parler au commissionnaire, vous êtes qui d’abord ? »
– « On est des étrangers, et on voudrait rentrer en Arunachal Pradesh »
– « Et bien allez dans une agence pour faire ça »
– « C’est ce qu’on a fait, et cela a été refusé »
– « On ne peut pas déranger un commissionnaire comme ça »
– « Ah ouais ? »
Je tape à sa porte/rideau
– « Mais monsieur ! »
Le commissionnaire s’approche, fait un signe de la main à la secrétaire et nous invite à nous asseoir. On lui explique en long ET en large le problème, il prend son téléphone et nous dit : « Ne vous inquiétez pas »
Serions nous près du but ? Nous avons tous nos doigts croisés. L’homme qui nous fait face est un petit indien, un peu grassouillet, mais avec un regard tendre au yeux bleus très clairs, et il ne se laisse pas abattre, il en est à son 4ème coup de téléphone, on le ballade comme nous, pourtant lui a tous les numéros dans son gros calepin. Il commence à suer, fait les yeux rond, nous regarde avec un sourire jaune, raccroche et nous dit :
– « Désolé je ne peux rien faire… »
– « Mais vous êtes le commissionnaire ! Vous pouvez les obliger non ?! »
– « Non, votre dossier a été refusé une fois, ça fait que maintenant c’est plus difficile »
– « Mais il a été refusé pour une mauvaise raison, ils ont tord ! »
– « Je sais… Mais c’est la règle »
– « Donc c’est mort ? »
– « Ben vous pouvez allez à Delhi, ils vous écouteront là-bas, et ils vous feront un nouveau dossier »
– « Delhi ? Juste pour y aller d’ici ça mettra dans les 3 jours, plus le temps sur place et le retour, on perd une semaine… »
– « Je suis désolé, pas d’autre solution… »
Nous rentrons à l’hôtel dépités… Sur le bord d’abandonner, j’appelle un numéro « de plus », à l’appareil un autre commissionnaire situé à Delhi, il me dit d’appeler son assistante, c’est elle qui s’occupe des visas, lui ne fait que les signer. Après m’avoir donné son numéro, il raccroche. J’appelle donc l’assistante à qui j’explique toute l’histoire, elle me dit que ce n’est pas possible de faire ça par téléphone, et qu’abandonner serait préférable, mais quand je lui dit que nous avons un papier de l’ambassade Taïwanaise, elle me demande de lui envoyer un email avec toute l’histoire (encore !) et la copie du papier en question, puis raccroche aussi sec.
Elle était vraiment sèche, et on sentait que je la dérangeais, mais j’ai quand même envoyé l’email.
20 minutes plus tard (oui seulement 20 minutes !) elle me rappelle avec une voix très douce et compréhensive, elle me dit que tout va s’arranger qu’elle peut me faire le permis dans les 24h… De quoi ?! Est-ce la peur de l’incident diplomatique ? Où le fait que je lui est dit que Hihi avait pour projet d’écrire un livre sur les 7 sœurs intitulé « Les 6 sœurs, parce-qu’en Inde ils confondent Taïwan avec la Chine » si, si, je lui ai dit ça.
On doit transférer l’argent (pour le permis) de banque à banque, je pars, je cours, 14h après nous avions le sésame en main !!!
On arrive à peine à y croire… C’est là, c’est réel, pas de peut-être, non c’est fait ! Je peux vous dire qu’on a fêté ça dignement, dans le plus cher de tous les restaurants de la ville, un régal !
Et bien voilà, il nous a fallut 6 semaines pratiquement jour pour jour, en espérant que ça vaille le coup.
Nous partons donc pour Along, où nous découvrons des chapeaux très typiques…
Notre but est de rejoindre Mechuka, à la frontière tibétaine.
Tout se fait en sumo, bon on a l’habitude maintenant… Puis ça crève souvent, ça aussi on a l’habitude…
Mais les chauffeurs sont sympas, c’est d’ailleurs eux qui nous trouverons un hôtel en arrivant.
Nous arrivons en fin d’après-midi, le temps est maussade, mais nos sommes tellement content d’être là.
L’hôtel est très basique, pas grand choix ici… De toutes façons c’est propre à un prix raisonnable, donc rien à redire.
Le soir ils nous préparent à diner, seul l’employé qui vient d’Assam parle un tout petit peu anglais, les patrons eux parlent juste …le tibétain.
Car ici pas de « hello », ou « good morning », ici c’est « Tashi Delek » comme au Tibet.
Ils sont de la génération qui ont fuit l’invasion de Mao pour se réfugier en Inde, mais ils nous disent « Qu’ici ça faisait partie du Tibet …avant », ils ont pu continuer leur traditions, et jamais au grand jamais ils retourneront de l’autre côté. L’armée est partout, les Chinois revendique ce territoire, ils sont sur les dents.
Le lendemain nous partons découvrir les lieux
C’est difficile de décrire ce lieu avec des mots (surtout pour moi) et je ne suis même pas sûr que les photos puissent transcrire la sensation que l’on a en traversant la ville, c’est paisible, simple et à part pour l’énorme camp militaire c’est en …harmonie, je ne vois pas d’autre mots. Pour être franc il n’y a presque rien de spécial à visiter, pourtant on s’y sent bien.
Nous partons pour une marche afin d’aller visiter un monastère de 400 ans
Il faut monter en haut d’une colline pour l’atteindre
Il est vide, seul un moine reste pour surveiller
Sur le chemin du retour nous croisons des Tibétains au travail, ils sont tous à l’alcool de riz. Bien sûr ils nous en propose, on boit un verre et bien sûr on fait la grimace… Alors ils nous proposent du thé au beurre
Cette fois ça passe mieux
Pour les remercier, je remonte les manches
Pendant que Hihi nous observe…
Pour le reste du trajet nous serons prit en stop par un camion militaire
De retour en ville le repas nous attend
Nous resterons 3 jours sur place, qu’en retenir ? Les cartes à jouer Hitler ?
L’électricité au compte goûte ? Nos appareils toujours prêts à être recharger au cas où le courant pointerai son nez. Les chapeaux d’Along ?
Les montagnes ? Les gens ? Ben oui, un peu tout ça… Mais comme dit précédemment, c’est cette sensation de calme et de bien être qui nous marquera le plus.
Un village où le temps s’est arrêté, mais pour encore combien de temps ?..
13 réflexions sur « Enfin en Arunachal Pradesh »
Arg, à la lecture de cet article, je m’apercois que seuls les taiwanais peuvent rentrer à Arunachal Pradesh, c’est à dire que je ne pourrais jamais y aller avec ma femme qui est 100% chinoise ! ><
Autrement, les photos de cet article sont vraiment splendides ! Cette partie de l'Inde doit être merveilleuse aussi bien humainement qu'en terme de paysages
Ben ça dépend, si vous êtes mariés elle obtiendra un jour son passeport français j’imagine, donc je jamais dire « jamais » 😉
encore une fois magnifique ! superbes photos, tres impressionant avec ces montagnes, et de moments suspendus dans le temps….comme tu dis quelquefois il suffit juste du calme et de la serenite pour se sentir bien!
Simple Life is the best 😉
Il y a des endroits comme ça qui ne se racontent pas il faut juste se diluer dans son atmosphère et laisser l’aura du pays nous envahir l’esprit de tout un bien être presque hallucinogène , les horloges n’existent pas dans la vie de ces peuples guidés au quotidien par Dame Nature et la loi de la vie. Une belle expérience ,j’en suis sûr .
Gros bisous à plus
Oui, une très belle expérience !
Bise~
Bonjour,
C’est dont bien compliqué entrer dans cette partie du pays. Mais vous avez bien fait de vous acharné, car à voir les images ca l’aura valu la peine 🙂 Quand tu dis qu’il y a pas grand chose à visiter…ca m’a fait bien rire, car au contraire, le simple fait de s’ouvrir les yeux devient une visite tellement tout parait exotique et beau à voir. Un bien bel article dans un endroit qui sort des sentiers battus, j’adore 🙂
Il me semble ressentir la paix et la sérénité de ce village… Un peu de Tibet hors du Tibet, magnifique =)
Et ces montagnes enneigées au loin…
J’adore cet article, vous avez bien fait de vous acharner pour aller dans ce coin d’Inde qui ne ressemble en rien à l’Inde 😉
Marjorie
Peut-être un peu au Ladakh (dans le Cachemire), mais pas plus que ça.
Et oui, on était bien content de s’être « acharnés » 😀
Ouahouuuuu!
Je reprends le fil de ton blog, que j’ai laissé trop longtemps de côté. J’avais entendu parler de cette région d’Inde mais n’avais pas vu de photos: sublime !!! vous avez bien fait de vous battre 🙂
Et pour le coup, les cartes Hitler, ça surprend pas mal et ça dénote, mais je suppose que c’est car cette croix (reprise par les Nazis) représente l’éternité pour les bouddhistes?
Ben bon-retour alors 😉
T’inquiètes, je ne vais pas te jeter la pierre, je sais ce que c’est de voyager/écrire/lire/photographier, on a chacun nos priorités, et c’est bien normal ! Moi aussi ça fait un bout de temps que je ne suis pas passer chez toi… == Le temps est une denrée rare…
Je ne suis pas sûr pour les cartes, je pense que c’est seulement par manque de culture, je suis prêt à parier qu’ils ne savent pas qui est Hitler…
merci pour ces photos;
nous étions à Menchuka en octobre et nous n’avons jamais pu voir ces montagnes. On en rêvait.Mais la pluie torrentielle de fin de mousson nous a gâcher le paysage.
Nous avons eu aussi quelques problèmes de PAP ( erreur de sexe et de prénom) mais le pire ça a été l’impossibilité de rentrer dans le parc de Namdapha malgré le permis et la réservation pour des raisons assez bizares et malgré notre insistance , nous avons rebrousser chemin.
Merci encore d’avoir publier vos photos.
Aaargh, sous la pluie ça ne devait pas être du gâteau 🙁
Et pour le parc, il y a un tas de problèmes dans la région, surtout avec les Chinois. Ils sont un peu sur les nerfs, ils voient des espions un peu partout, bon c’est un peu normal quand on voit comment le gouvernement chinois grignote la frontière à chaque hiver…
Ben avec plaisir pour les photos 😉