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Le voyage nous change, pour le meilleur et pour le pire

Le voyage nous change, pour le meilleur et pour le pire

Un jour une personne m’a demandé pourquoi je voyageais autant, elle n’en comprenais pas l’intérêt. « Si c’est pour des vacances, alors cela devrait être plus court. » me dit-elle, « Et si c’est pour les différents monuments, paysages et cultures, tu peux l’apprendre/le voir dans les livres, on peut tout savoir et connaître sur les livres. » J’avoue qu’il m’a fallut quelques secondes de réflexions pour pouvoir répondre correctement, cette phrase qui raisonnait d’abord comme « ridicule », prit rapidement du sens.
Je lui ai alors répondu, que les livres ne suffisent pas toujours. Que d’apprendre le Japonais sur papier, sans jamais aller au Japon perdait de son sens. Que lire des centaines de recettes de cuisine ne fera pas d’elle un chef, et que regarder de magnifique photos ne feront pas d’elle une bonne photographe.
– « D’accord, mais alors cela t’apporte quoi de plus ? »
– « L’expérience ! Tout simplement. »
Elle se mue à un silence de quelques minutes, pose ses mains à plat sur la table :
– « Mais l’expérience fait quoi de plus sur ta vie et ta personnalité ? »
– « Elle les change… »
Ses yeux se mettent à briller :
– « En mieux ? »
Et moi sans aucune hésitation :
– « Bien sûr en mieux ! »

Comment il pourrait en être autrement ? Tous ces chocs culturels ne peuvent être que bénéfiques, ils ont changé ma façon de penser, m’obligent à l’ouverture, et à l’acceptation de l’autre. Hihi me le confirme chaque jour, elle l’Asiatique de naissance, qui pense sincèrement que je suis un bien meilleur être humain aujourd’hui. Alors pourquoi en écrire un article ? Ben parce-que dans la vie, comme dans le voyage, tout n’est pas noir ou blanc…

Après un petit séjour avec une partie de ma famille en Thaïlande, j’écris un article sur le sujet. Rien d’exceptionnel, juste histoire de marquer le coup sans rentrer dans les détails, je tiens à garder un minimum de vie privée quand même, et surtout quand il s’agit de mes proches qui n’ont rien demandé ! (pour les curieux l’article est ici)
Le lendemain je reçois un e-mail de ma petite sœur, pour vous passer les détails (et pour faire court) elle est très déçue par l’article, elle trouve qu’il n’y a pas assez de photos, pas assez d’anecdotes et pas assez de sentiments sur ces retrouvailles. Alors là je lui répond qu’elle fait bien de me le signaler, mais que tout ceci (à part les photos) était intentionnel, je préfère garder ces sentiments privés, et pour les anecdotes après 5 ans en Asie tout me paraît normal aujourd’hui, je lui explique que des choses incroyables, ou tout simplement « exotiques » pour elle ne le sont plus forcément pour moi.
Mais ce premier message n’était que la partie visible de l’iceberg, car la note en retour fût une véritable claque à travers la tronche…
Ce nouvel e-mail est une lettre à cœur ouvert, qui en dit long et va briser le mien. Elle me dit que cet article était la goutte qui faisait déborder le vase, qu’elle ne se sent plus proche de moi, qu’avec ces années de voyage je devenais un étranger à ses yeux, qu’elle ne comprenait pas se changement/évolution radicale. Mais pire encore, elle me dit qu’avant de partir j’étais un modèle pour elle, une sorte d’homme parfait, mais qu’aujourd’hui en ma présence elle ne ressent plus du tout cela. Elle pense que je vis dans mon monde, qu’elle ne peut plus me comprendre, car elle a toujours un esprit « Européen » (que je n’ai plus). Et le coup de bambou pour la fin, elle me fait comprendre qu’elle aurait préféré que je ne parte jamais.

Ma sœur compte beaucoup pour moi, à chaque fois qu’il se passe quelque chose de difficile, d’exceptionnel, ou de magique dans ce voyage, je pense à elle en me disant : « Elle serait fière de son frère », alors vous imaginez le tsunami qu’ont provoqué ses mots! Il m’a fallut retourner mon cerveau, et faire le vide avant de lui répondre…

Ai-je vraiment tant changé ? Comment se fait-il que ma propre sœur, mon propre sang ne me reconnaisse plus ? Ces dernières années sur la route auraient été si intenses qu’elles m’auraient carrément métamorphosé ? La réponse est certainement : Oui. Mais si c’est au détriment de mes relations familiales et amicales, est-ce vraiment une bonne chose ?..

Bon d’abord il fallait séparer ce qui avait rapport avec le voyage, et le reste. Et le fait de ne plus me voir en « super homme » n’était en rien un effet du voyage, c’était juste le fait qu’elle grandissait, même si j’étais resté en France, elle aurait changé son regard, car j’étais loin d’être parfait et pour tout vous dire : je suis toujours loin de l’être !
En revanche, le reste venait du voyage, c’est lui qui m’a amené à avoir ces changements de perspectives, et aujourd’hui même les gens qui m’aiment et me supportent ont du mal à suivre.
Alors j’ai essayé de lui faire comprendre que certes je n’ai plus un esprit Européen, mais je n’ai pas un esprit Asiatique non plus. J’essaye juste de comprendre le « pourquoi du comment », pas juste en tant que français, mais simplement en tant qu’humain. Lui expliquer que le gars d’il y a 5 ans n’était pas « Super Sandro » mais plutôt « Super Blaireau », tellement d’égo… Qu’aujourd’hui j’essaye de tendre à être meilleur, en ouvrant mon esprit, et comprendre pourquoi les autres sont ce qu’ils sont, et font ce qu’ils font. Et que bien sûr, je l’aime, toujours et encore !
Mais comment justifier ce départ ? Comment justifier cet égoïsme qui m’a poussé loin d’elle, et des miens ? Difficile…

Les lignes précédentes sont là pour témoigner que rien n’est évident, que même si on se sent meilleur, on ne l’ai pas forcément aux yeux de tous. Ces expériences m’ont fait évoluer dans un sens non prévisible, mais surtout le fait de se frotter à de différentes cultures, coutumes, et personnes influence ma façon de penser dans une direction, pendant qu’à l’autre bout de la planète ma famille et amis en prennent une toute autre. Je savais que le voyage était une remise en question permanente, mais je n’avais pas imaginé qu’il remettrait en cause sa propre raison d’être.
Alors est-ce que je regrette d’être parti ? Certainement pas (je serais sans doute devenu un vieil aigri avec le temps). Mais aujourd’hui je vois que tout acte a une conséquence, qu’en changeant sa vie, on amène avec soi des bouts d’existence, et en général on les prend sur le dos des gens que l’on aime.

À ma petite sœur, Alexia~

35 réflexions sur « Le voyage nous change, pour le meilleur et pour le pire »

  1. C’est vrai que les voyageurs présupposent toujours que le voyage ne peut apporter, humainement, que des choses bénéfiques à une personne. Une plus grande ouverture d’esprit, de l’expérience et des expériences (comme tu dis) qui ne feraient que te renforcer, etc.

    Mais je me rends compte avec ton article qu’il y a aussi des traits de caractère qui se forgent et qui ne sont pas forcément « positifs » pour ceux qu’on a connu et qui sont restés en France. Un changement d’état d’esprit ? Une façon de penser un peu barbare ? Tu ne rentres pas dans les détails quant au « reste » (quand tu sépares « le voyage et le reste »), aux reproches qui t’ont été faits alors c’est difficile de t’écrire une réponse qui t’est directement destinée mais je dirais : les voyageurs au long cours ont un grand défaut commun qu’est l’égoïsme. On se targue d’apprendre à partager (la nourriture, la culture, les expériences) plus qu’un citoyen lambda, d’apprendre à tolérer et à accepter plus de choses que d’autres.

    Mais, au fond, on est tous profondément égoïstes car c’est avant tout un « apprentissage » qu’on destine à nous-même. Même si on le partage avec un blog, ou avec un compagnon de voyage, on vit d’abord les choses pour ce qu’elles nous apportent à nous. Et tant pis pour ceux qui préfèreraient qu’on reste avec eux. Comme tu le dis, on prend notre bonheur sur leur dos – mais … est-ce si mal ?

    Ta soeur te dit qu’elle t’en veux un peu d’être parti. Mais, au fil des années, c’est toi qui lui en aurait voulu de ne pas être parti.

    Je pense que ce qui devrait tous nous guider, c’est la recherche d’une voie qui nous permette d’être heureux. Certaines personnes, comme toi et moi, ne peuvent être heureux qu’en découvrant en permanence de nouvelles choses, de nouvelles personnes. D’autres personnes ne sont heureux que lorsqu’elles ont un foyer avec les gens qu’ils aiment à proximité. Tu fais partie des premiers et ta soeur a l’air de faire partie des seconds. Mes amis les plus proches, ceux à qui je tiens le plus au monde, sont un peu comme elle mais … ils arrivent à accepter car ils savent que je dépèrirais si je ne le faisais pas.

    Bref, mon commentaire n’apporte finalement rien et j’en suis désolé, mais je tenais à écrire un truc à propos d’une chose qui me touche. Dans tous les cas, c’est une belle déclaration d’amour indirecte !

    1.  » Un « apprentissage » qu’on destine à nous-même. Même si on le partage avec un blog, ou avec un compagnon de voyage, on vit d’abord les choses pour ce qu’elles nous apportent à nous. Et tant pis pour ceux qui préfèreraient qu’on reste avec eux. Comme tu le dis, on prend notre bonheur sur leur dos – mais … est-ce si mal ?
      […]
      Je pense que ce qui devrait tous nous guider, c’est la recherche d’une voie qui nous permette d’être heureux. Certaines personnes, comme toi et moi, ne peuvent être heureux qu’en découvrant en permanence de nouvelles choses, de nouvelles personnes.  »

      Je suis bien d’accord… Au fond, dans ce monde de surconsommation, d’individualisme et où tout va trop vite… Je trouve qu’il est plutôt sain d’essayer de se construire en prenant son temps, en allant à la rencontre des autres peuples et de rechercher un bonheur plutôt simple, en étant détaché des possessions ma térielles. Dans la masse de gens superficiels, essayer de trouver un équilire et d’être heureux, c’est plutôt une bonne chose. La sécurité est une idée tellement surfaite. Après, il est sûr que tout le monde n’aspire pas à la même chose et ne peut le comprendre.

      Des frères et soeurs sont toujours différents, voyage ou non. Mon frère aspire à devenir sportif de haut niveau, fait des sacrifices pour cela, et ne voit qu’à travers le prisme du hand, et n’aime pas lire et apprendre… Je suis littéraire, j’adore étudier et découvrir… Il y a donc un fossé entre nous. Et cela, en vivant dans le même pays. Mais l’important est de savoir que l’on s’aime, et que l’on peut compter sur l’autre. Après, chacun prend sa route. C’est la vie.

    2. Salut Chris et merci d’être passé par ici,

      Certes ton commentaire n’apporte pas de « solution », mais il est tout aussi utile, tu a bien compris mon sentiment.
      Il est clair que je regrette pas d’être partie, ça n’aurait qu’empiré les choses, moi aigri/malheureux, automatiquement j’aurais rendu malheureux les gens autour de moi…

      Merci encore pour ton commentaire, et bon reportage !
      A+

  2. L’apprentissage… Grande question ! Est-ce la vie ou les livres qui nous aprennent, l’expérience ou l’érudition, les rencontres avec des gens ou des auteurs ? Un peu des deux sans doute. Il y a une petite citation de Victor Hugo que j’ai fait mienne depuis des années : « Lire c’est voyager, voyager c’est lire »… Là est le secret à mon humble avis.

    Je n’ai pas ton expérience du voyage au long terme, juste quelques séjours à droite et à gauche, et un an d’études au Canada… mais c’est assez pour constater qu’un certain fossé se creuse entre toi, ton état d’esprit en évolution, et les tiens. Que là-bas, les tiens te manquent, et qu’ici, la nouvelle famille que tu t’es créé te manque aussi… Que tu n’es plus d’ici, mais un peu d’ici et d’ailleurs… Et que ceux qui te connaissaient ‘avant’ ne peuvent pas forcément comprendre…

    Mais que pour rien au monde, l’on regrette de voyager, partir, apprendre… Et, je pense que le voyage nous change toujours d’une façon positive… TiM

    Je vous souhaite à tous les 2 une merveilleuse année 2012, pleine de découvertes et de rencontres, de merveilleux récits et magnifiques photos !

    Un bec aux amis canadiens !

    Julie

  3. Cher Sandro,
    beaucoup de sentiments mélangés dans ces lignes… Courage à toi…
    Comme l’ont justement dit Chris & Julie, il n’y a pas une seule manière d’être heureux, c’est peut être la seule chose qui peut aider ta soeur à te comprendre…
    Et oui, voyager, tout comme vivre une vie hors des sentiers battus, est un acte égoïste, mais quand c’est plus fort que toi et que ça s’impose à toi, y renoncer pour les gens qu’on aime ne ferait que les blesser encore plus finalement – vu les conséquences que cela donnerait sur son caractère…
    Amitiés !

  4. Sandro,

    Tout d’abord merci de partager, te lire c’est un peu se plonger dans des réflexions qui finalement nous touchent toutes et tous.

    Le courage de ta sœur de t’écrire ainsi ce qu’elle ressent m’émeut beaucoup car il en faut du courage et une sacrée dose d’amour pour écrire cela.

    Peut-être que vivre c’est tout simplement évoluer, doucement laisser à chaque membre d’une famille de sang ou de cœur partir sur son chemin (réel et/ou intérieur).
    Se laisser le droit de faire le deuil cette vie symbiotique sur le même chemin que nos bien-aimés ; pour avoir ensuite un immense plaisir à se croiser, cheminer en parallèle et finalement s’enrichir des détours des autres.
    La phase de deuil est difficile mais n’est-elle pas le plus sûr chemin vers l’acceptation de chacun tel qu’il est vraiment et non tel qu’on aurait envie qu’il soit ?

    Un jour, alors que je voyais un ami très proche s’éloigner vers une direction que je ne comprenais pas, ma maman m’a dit que le plus important était de le laisser partir mais qu’il sache que je serai toujours là pour lui, que ma porte était ouverte. Nous nous sommes perdus de vue pendant plus de dix ans et il y a peu nous nous sommes retrouvés, comme ça, naturellement. Et étrangement nos chemins nous avaient mutuellement amenés à faire des pas l’un vers l’autre, sans le savoir.

    Je te souhaite à toi et à tous ceux que tu aimes de vous croiser le plus souvent possible chacun en paix sur son chemin.

    Très bientôt.

    Gaëlle

  5. Pour avoir quitté la France depuis 3 ans et demi, je comprends parfaitement ton sentiment vis-à-vis du décallage qu’il se fait entre toi et tes proches qui restent en France. A parti du moment où on commence à voyager et découvrir d’autres contrées, on se met en décalage avec le reste de la société.

    Mais quoi qu’il en soit, même si c’est le prix à payé, il en vaut largement la peine. Ne pas partir pour rendre ses proches heureux est un raisonnement éronné puisqu’au final tu les rendra malheureux à cause de ton propre malheur. Non définitivement, tu as fait la bonne décision en partant.

    C’est un vraiment un superbe article que plusieurs voyageurs aimeraient lire plus souvent. Merci beaucoup. Si jamais tu passes sur Montréal n’hésite pas! Bonnes fêtes de fin d’années!

    1. Salut Adil,

      Je ne regrette rien, mais ce n’est pas facile de partir sans se retourner…
      Merci pour l’invitation ! ;) Peut-être en fin d’année, qui sait ?

      Bonne année ~

  6. Merci de partager, c’est très intéressant. C’est des sujets dont on parle peu sur les blogs (souvent pour ne pas déplaire ou par peur de mal se faire comprendre).

    Bonne année 2012
    J’espère que tu aimes le Canada:)

    1. Bonjour Maryse,

      Bonne année à vous deux, pour le Canada, il faut dire que je n’ai pas encore découvert grand chose, je ne fait que bosser… Mais de ce que j’en ai vu : j’adore !
      En plus (pour l’instant) l’hiver est doux, cela me va parfaitement ;)
      A+

  7. C’est rare de lire un article où tu parles de ta vie privée… Ca a dû être une sacrée claque, ce que je pourrais écrire risque de te réconforter.

    Je crois que sans le soutien de mes proches, les petits coups de blues se seraient transformés en moments plus difficiles à gérer. J’ai vraiment besoin de sentir que même infiniment loin, on garde ce lien, on l’étoffe même. Etrangement, je me sens même plus proche de ma famille depuis que j’ai fait le choix de partir longtemps. Ils me montrent à quel point ce sont des êtres dont j’ai besoin. Mais je suis égoïste et je leur fait du mal.

    Ils sont heureux de voir que je m’épanouis et que j’apprends beaucoup de toutes ces expériences, mais… c’est long et je ne suis pas en mesure de leur donner un itinéraire détaillé ni une date de retour précise.

    Je crois que c’est infiniment plus facile pour celui qui part. Si une de mes petites soeurs m’avait annoncé qu’elle partait loin, longtemps, et que je ne pourrais plus compter sur elle au quotidien, je dois être honnête: cela m’aurait fait mal. J’aurais peut-être réagi par la colère, en me sentant abandonnée. Mais ma famille n’a pas réagi ainsi et je sais que c’est une vraie chance. Moi j’aurais pu être une plaie. Bien sûr, maintenant en vivant ce long voyage, mon regard serait différent, mais même si j’imagine à quel point le message de ta soeur a dû être un choc, il y a une part de moi qui la comprend aussi. Ca fait cinq ans que tu vadrouilles loin d’eux et tu n’as pas l’air de vouloir te sédentariser de sitôt…

    Je comprends aussi à quel point ça doit être frustrant pour toi, car tu te sens « grandi » de toutes ces expériences et rencontres, et le fait qu’elle te rejette maintenant, alors que tu as mûri, cela doit être une source d’incompréhension.

    Et si c’était de la psychologie inversée, de la provoc’ pour faire réagir son grand frère loin, que rien de négatif ne semble toucher, qui fait des rencontres fabuleuses…? Elle te dit peut-être tout simplement qu’elle a besoin de toi.

    Je me plie au rituel infâme et je te souhaite une très belle année 2012!

    Et merci d’avoir partagé ton questionnement ici, cela fait réfléchir.

    Aline

    1. Salut Aline,

      Je ne parle pas de ma vie privée en général, c’est mieux de garder un petit coin secret, mais là il fallait que sa sorte, et ça ma fait du bien pour tout te dire.
      Qui plus est, je suis sûr de ne pas être seul dans cette situation, et cela permettra (peut-être) à d’autres de mieux comprendre les aléas du voyage.

      Moi aussi je te souhaite une merveilleuse 2012 (j’aime beaucoup « rituel infâme », on a décidément pas mal de point de vu en commun)

      A+

  8. L’humain évolue et suit son chemin, qu’il choisit… ou pas.
    Rester chez toi t’aurait fait prendre une autre route… peut-être que ta soeur ne t’aurait pas reconnu non plus. Mais les « gens qui restent » aussi changent.
    Si le voyageur s’ouvre, celui qui reste a tendance à s’enfermer. Mais ce n’est pas non plus une généralité. Peut-être faut-il voir dans ces mots durs, une sorte d’appel au secours. Peut-être que ta soeur a besoin de toi et ne sait pas comment le formuler avec la distance et le temps qui passe… Un voyage au long court n’est jamais simple. Pour ceux qui partent, comme pour ceux qui restent. Mais les partants ont peut-être plus de pression émotionnelle que ceux qui restent. C’est un fait.

    Et ce n’est pas évident de gérer ça en voyage… Finalement peu de gens comprennent LE VOYAGE. C’est ce qui les laissent perplexe, anxieux, envieux, aigris, dubitatifs, curieux… Mais on ne peut pas les blamer. Chacun choisit son parcours. Et ce n’est pas pour autant que ceux qui restent ne nous aiment pas, plus ou différemment.
    Etranger à cause de la distance et du temps… Mais pas tant que ça… Je n’aurais pas vu les premier pas de ma nièce, les 30ans de ma soeur, et bien d’autre chose… Suis-je malheureux pour autant? Non. Bouleversé un peu. La vie suit son chemin et nous offre toujours le choix.

    Et étant tombé sur ton petit site de ton petit voyage, je me dis OUA! Je refais mon sac demain, et c’est reparti pour quelques mois freestyle à ne pas savoir quoi faire… Mais c’est ce qui est bon.

    Site très sympa. Qui donne envie, des photos magnifiques… et l’espoir de te croiser sur les routes un jour.
    Prends soin de toi. Respire.
    Amicalement
    MILK HeArT

  9. Trente ans que je patiente sur mon cartier de lune
    Trente ans que j’interroge les glaciers et les dunes
    Par ou vais-je marcher pour nourrir ma conscience
    Oublier mon passé et mon jour de naissance
    Il faut que je regarde, que je touche ces humains
    Apporter des sourires et peut-être du pain

    Toutes ces courses folles à travers ce grand monde
    Toutes ces mains tendues pour rentrer dans les rondes
    Ce besoin de courir, d’écouter pour apprendre
    D’aller vers d’autres âmes , essayer de comprendre
    Le goût de l’inconnu , l’appétit du lointain
    Il en faut du courage sans connaitre demain.

    LES AUTRES , ceux qui vivent et qui meurent sans jamais nous le dire
    DES AUTRES , ceux qui rient et qui pleurent sans le moindre soupir
    CES AUTRES, qui chantent le soleil pour parler aux Déesses
    D’AUTRES , qui lancent des pétales que le vent les caresse
    Ces peuples du bout d’ailleurs qui partagent nos étoiles
    Je vais les raconter,les montrer sur la toile

    LES AUTRES ….Des coutumes et des chants
    LES AUTRES…..Des petits,des géants
    LES AUTRES…..Des gentils , des méchants
    LES AUTRES…..Des familles et des enfants …………….

    LES AUTRES …Ceux de l’horizon , du fond de la planète tout près de l’arc en ciel…………………..LES AUTRES.

    Sur l’horloge de la vie des aiguilles qui s’affolent
    Sur le calendrier y’a des feuilles qui s’envolent
    Le temps n’a plus le temps il court d’un pas pressé
    Impossible de le suivre on est trop fatigué.

    Elle t’a écrit des lignes pendant plus de vingt ans
    Elle t’a sculpté des signes pour que tu lui reviennes
    Traversé des nuages ,des mers ,des ouragans
    Pour aller te rejoindre et te dire des « je t’aime »

    Il lui reste des images , des tonnes de souvenirs
    Des moments de partages qu’elle n’oubliera jamais
    Quelques endroits sacrés et des éclats de rire
    Des bonbons et du miel que pour son frère aîné

    Elle se bat à mains nues pour combattre l’oubli
    Elle enferme ses larmes tout au fond de son cœur
    Elle demande à ses rêves de te voir chaque nuit
    Tous ces cris dans le ciel c’est la voix de ta sœur

    A force de laisser défiler ces années
    De donner des nouvelles à travers un écran
    De parler de pays encore plus éloignés
    Sans projet de retour……Embrasser sa maman

    A force de voyages , d’ignorer tes apôtres
    De courser sur le globe , dépasser le futur
    De panser tes douleurs , de délaisser les nôtres
    D’ajouter à chaque heure une page d’aventure

    Les racines de ton sang ont du mal à survivrent
    A combler tout ce vide à ne faire que semblant
    Deviner tes journées et omettre le pire
    Pas facile tous les jours ,il nous manque un enfant

    C’est ton vieux qui leurs parle pour que tous te comprennent
    Ni de pierre ni d’acier j’ai aussi de la peine
    Mais je crois les histoires et les contes de fées
    Et jamais à nos yeux tu ne seras un AUTRE…Juré

    1. Ah ben voilà, je me disais mon père qui ne met pas de commentaire sur CET article, bizarre…
      Voilà qui est fait, et de belle manière ! Merci pour ce poème, et pour la fin, vous ne serez jamais les autres à mes yeux non plus.

      Bise~

  10. Bonjour et Bonne Année a tout les Deux .
    je souhaite que vous poursuiviez votre route et nous faire rêver encore de nombreuses année .

    Pour t’as petite soeur il lui faut un peut de temps pour comprendre (elle et jeune).
    Pour ton Papa il a beaucoup de philosophie (loin des yeux plus près du coeur ).
    Je pense que sur ce billet de réflexions ou de méditations tu a ouvert nos yeux !!!
    nous vivons dans un pays de consommation !!!Pour qui ? et pour quoi ? ah oui au Non du Dieu Dollar ou de l’euros ???
    Bref… nous avons perdu le sens de l’humain… l’échange et le partage .
    Pour moi tu a fait le bon choix .
    bon je vous souhaite une bonne route a tout les deux .
    @ plus Maggie & Laurent.
    Ps si vous passer un jour sur Paris la maison et Open .

  11. Très émouvant article, Sandro!

    Bien sûr que le voyage change… Celui ou celle qui le voyage le sent, insensiblement un peu tout les jours. Il rend philosophe, contemplatif, encore plus curieux que ce qu’on était au départ… Pour ceux qui voyagent beaucoup en solo, peut-être un peu « sauvage ». Pour le proche qui reste, c’est différent. Surtout quand on est frère et soeur, que l’on a grandi côte à côte et que l’heure est venue pour chacun de prendre son chemin. Et quand on se revoit, après une longue absence, c’est quelque fois le choc! Mais comme le disait MILK, c’aurait pu arriver sans que tu ne partes. Les gens changent, même sans voyager. Tu ne sais pas le nombre de fois où j’ai entendu des phrases du genre; « Depuis qu’elle et dans une relation avec un-tel je ne la reconnais plus » ou « Depuis qu’il a commencé telle activité, il est beaucoup plus épanoui ». Bref, les sentiers se séparent et quelque fois se rejoignent à nouveau… Je pense, et je crois que tu le sais déjà, que tu lui manques énormément et qu’à lire toutes tes fabuleuses aventures, peut-être pense t’elle qu’elle… ne te manque pas tant que çà…

    Je pense qu’elle t’as lu à présent et qu’elle sait à quel point elle compte pou toi!

    Allez… joyeux 2012 à la famille des chats!

  12. Salut!
    Je viens de découvrir ton blog… une bête recherche Google sur les blocs divinatoires à Taïwan. J’étais au temple l’autre jour, pour une sorte d’au revoir au pays et à bien d’autres choses.
    J’ai été assez touchée par cet article car il m’est arrivé la même chose avec ma meilleure amie (qui est comme, voire plus, qu’une soeur). Seulement, l’issue en a été différente. 1 semaine de fun en Thaïlande, 1 accident de moto au Vietnam et 1 semaine d’introspection/questionnement (avec du pho, heureusement) nous ont fait persévérer dans l’explication/la compréhension de ce qui avait changé en moi. Et finalement, nous nous sommes comprises, et notre relation en a été sublimée.
    Il y a des gens qui auraient aimé que je ne parte jamais, mais j’ai tenté de faire en sorte que ceux qui comptaient vraiment comprennent le pourquoi du comment. Ce n’est pas un chemin facile, et il n’y a pas de raccourcis. Seulement, si de l’autre côté, on ne veut pas nous comprendre ou nous écouter il n’y a malheureusement pas d’autre épreuve à traverser que le challenge du temps lui-même.
    Je te souhaite bon courage et beaucoup de persévérance dans les moments de remise en question.

    1. Salut Corinne,

      Tu viens de découvrir mon blog, moi je connaissais le tien depuis un bout, snif…
      Merci pour ton message, et je suis très heureux du succès de la relation avec ton amie, nous nous sommes écrit longuement avec ma sœur, je pense qu’elle a compris aujourd’hui, je pense que nous sommes sur la bonne voie.

      A+

  13. Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier: la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l’arrière avec un minimum de toile. La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l’horizon des calmes retrouvés. Rivages inconnus qu’ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos et des tankers, la route sans imprévu imposée par les transports maritimes.
    Vous connaissez sans doute un voilier nommé « Désir ».
    Henri Laborit, « Éloge de la fuite ».
    Attendez moi, j’arrive!

  14. Ça fait un petit moment que je flâne de ce coté, depuis qu’en cherchant des infos sur les « treks » au Laddakh, j’ai été transportée par tes photos!!! Ayant un intérêt particulier pour la photo, j’ai voyagé de ci, de là sur ce blog et j’ai découverts des lieux magnifiques et des points de vue percutant!!!

    J’ai eu le plaisir de découvrir l’Inde du Nord dernièrement et je rêve de nombreuses autres découvertes. Du coup je me dis à la fois « c’est génial » et à la fois « comment il fait?!? » notamment par rapport à la question des proches. Cet article illustre la difficulté, bien que je pense que votre attachement dépasse la distance. Et en même temps d’autres questions ont resurgi en le lisant : n’y a t il pas des moments que tes proches partagent que tu regrette de ne pouvoir partager? Des lieux qui te sont chers qui te manquent? T’es tu dit un jour « à tel moment je repartirais en France ou ailleurs »? Qu’en est-il de ton sentiment d’appartenance? (j’ai travaillé auprès de personnes migrantes et pour qui cette question était très difficile à gérer)…

    En tous les cas, encore une fois je te dis un grand bravo pour cette force d’avoir choisi un chemin de traverse, pour la qualité toujours accrue de tes photos et pour ta capacité à faire partager ces expériences.

    Bon vent et bonne route à vous 2.

    Ps: et l’Afrique alors?

    1. Bonjour « Cousetteuse »,

      Pour répondre à tes questions, et dans l’ordre : Non – Non – Non – et pour ce qui concerne l’appartenance, c’est vrai que ce n’est pas une question aisé, mais dès ma naissance cette question était posé, je suis un fils de pieds-noir du Maroc, et mes grand-parents viennent d’Italie, je suis déjà un mélange de culture au berceau. J’étais tiraillé entre mes différentes racines, bien avant ce grand départ.
      Pourtant même si mes opinions, et mes sentiments ont (parfois) creusé un fossé avec mes proches ces dernières années, je me sens toujours Français, et fier de l’être. Mon pays c’est la France, pour le meilleur et pour le pire.
      Merci pour ton message,
      Amicalement~
      P.S : Et l’Amérique du Sud ? Et l’Europe de l’Est ? Et l’Asie centrale ? Oui tout ceci est au programme (y compris l’Afrique) mais pour quand ? Je laisse le temps au temps ;-)

  15. Votre choix de vie est top…
    Votre couple est top …
    Ton père est top …
    Surtout ne changer rien…
    Banzai à vous deux!
    Jijisan

    Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain (Carpe Diem)Horace

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